Le Premier ministre Viktor Orbán gâte les classes supérieures afin de les inciter à faire plus d’enfants. Des avantages fiscaux qui poussent les familles à s’endetter et risquent de devenir une épée de Damoclès.
A califourchon sur sa minimoto en plastique bleu saphir, Liza déborde d’énergie : la fillette de 2 ans aux couettes blondes zigzague dans les allées à toute vitesse. Sa mère Cintia ne la quitte pas du regard. Ce matin de mai, le soleil inonde le parc Semsey Aladár, au grand bonheur des flâneurs. Dans ce quartier de Budapest, pas un bambin ne se balade sans son tricycle. Au-dessus des roues arrière, un autocollant affiche : « La Hongrie, pays des familles ». En 2019, le gouvernement de Viktor Orbán a largement distribué ces jouets, devenus objet de fierté pour les heureux petits propriétaires. Les motos multicolores sillonnent les parcs de la ville, et avec elles, circule la propagande gouvernementale.
Dans un autre parc du nord-est de la capitale hongroise, le Városliget, les bambins ne savent plus où donner de la tête parmi les toboggans, trampolines, tourniquets, balançoires, araignées, tyroliennes et parcours en lianes dernier cri. A l’ombre des platanes, les parents se reposent, rassurés par le grillage sécurisé entourant l’aire de jeux. Guillaume, 51 ans, Français expatrié à Budapest depuis 1994 et entrepreneur dans la santé, ne tarit pas d’éloges sur ce « paradis des mômes » et plus généralement sur la place faite aux enfants dans la société hongroise. Dès qu’il emprunte les transports en commun avec dans ses bras sa petite Marie-Charlotte, 5 ans, quelqu’un se lève pour lui laisser son siège. « Ça n’arriverait pas en France, assure-t-il. Ici, les enfants sont sacralisés