S’attirant de vives critiques dans leur camp, deux élues dont la présidente des députés marcheurs, Aurore Bergé, ont reçu des militantes féministes accusées de transphobie et en lutte contre le Planning familial. Une institution pourtant défendue par le gouvernement.
Dora Moutot et Marguerite Stern, deux militantes féministes très critiquées pour des prises de position jugées transphobes (encore très récemment), ont été reçues mardi par la présidente des députés Renaissance Aurore Bergé. L’élue des Yvelines a salué «des militantes des droits des femmes et de leurs libertés», «de celles qui ne se cachent pas derrière un pseudo sur Twitter mais prennent des risques, s’exposent, s’engagent», ajoutant : «L’égalité des droits ne passe pas par l’invisibilisation des femmes.» Un propos lui aussi jugé «violemment transphobe» par certaines. Mais le message n’a manifestement pas retenu l’attention des élus macronistes, contrairement à un autre.
Coucou le gouvernement
Députée marcheuse et suppléante du ministre Stanislas Guerini qu’elle remplace à l’Assemblée, Caroline Yadan a elle aussi rencontré mardi Dora Moutot (créatrice du célèbre compte Instagram «T’as joui») et Marguerite Stern (ancienne Femen et initiatrice des collages contre les féminicides). Remerciant les deux militantes «de l’avoir alertée et fait part de leurs inquiétudes sur les dérives du Planning familial» (en référence à cette polémique estivale sur les «hommes enceints»), l’élue de Paris a ajouté : «Il y va de l’avenir de notre société. L’obsession identitaire fait déjà des ravages dans notre jeunesse. Il faut réagir. Maintenant.»
Bergé comme Yadan doivent pourtant bien savoir que le Planning avait, fin août, reçu le soutien du gouvernement face à «l’extrême droite [qui] attise les haines», par la voix de la ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome… Moutot et Stern étaient alors en première ligne des attaques contre l’institution de référence dans l’accompagnement à la contraception.
« Discours haineux entendus en Pologne ou en Hongrie »
N’étant pour sa part pas présidente de groupe, Yadan n’a pas échappé aux critiques de son camp. Certains de ses collègues ont ainsi vivement réagi, comme le député Renaissance Raphaël Gérard, qui a tiré à vue en réponse au tweet de sa camarade : «Les personnes trans ne sont ni une idéologie, ni une obsession – vocabulaire qui fait écho aux discours haineux entendus en Pologne ou en Hongrie. Ce sont des êtres humains avec des droits comme les autres, ni plus, ni moins. Nier leur existence tue.» L’eurodéputé Renew Pierre Karleskind a abondé : «Une bonne occasion de rappeler que les thérapies de conversion sont interdites en France et c’est bien heureux. Les personnes trans ne sont pas des obsessions, ce sont des individus.» Ambiance.
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