17/07/2023
Le directeur de l’association Cage a été détenu à Paris pendant près de 24 heures la semaine dernière, puis renvoyé à Londres après que le gouvernement français l’a accusé de propager des théories du complot sur les “persécutions islamophobes”.
En 2020, Cage, qui fait campagne au nom des communautés touchées par la “guerre contre le terrorisme”, a annulé l’interdiction de voyager imposée par le gouvernement français à son directeur, Muhammad Rabbani. Mais à son arrivée à Paris mardi dernier pour des réunions avec des journalistes français et des dirigeants de la société civile, M. Rabbani a appris que le ministère de l’intérieur avait imposé une nouvelle interdiction de voyager qui lui interdisait d’entrer dans le pays. Il a été interrogé, puis renvoyé sur un vol à destination de Londres.
Ce traitement est intervenu quelques jours après les nombreuses émeutes qui ont éclaté en France à la suite de la mort de Nahel Merzouk, un adolescent français d’origine marocaine et algérienne, abattu par la police.
Le ministère de l’intérieur a exposé les raisons de cette interdiction dans un document daté du 31 octobre 2022. Il y est dit que : “Compte tenu de la menace terroriste particulièrement élevée, sa présence sur le territoire national constituerait une menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure de la France”.
L’interdiction a été imposée un mois après que M. Rabbani a critiqué le gouvernement français pour avoir “terrorisé” sa communauté musulmane dans le cadre de ce qu’il a qualifié de “programme gouvernemental raciste”. Lors d’une réunion de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en Pologne en septembre 2022, M. Rabbani a également accusé la France de se joindre à la Chine et à l’Inde pour lancer des “persécutions religieuses” contre les musulmans.
Dans son interdiction de voyager, la France a accusé M. Rabbani de faire partie d’un “mouvement islamiste radical” et de “répandre des propos calomnieux” sur de prétendues “persécutions islamophobes” et sur la surveillance de masse exercée par les gouvernements occidentaux, y compris la France“.
Il a accusé M. Cage d’avoir aidé à radicaliser Mohammed Emwazi, le terroriste de l’État islamique connu sous le nom de “Jihadi John”, responsable de la décapitation d’otages occidentaux détenus par le groupe terroriste. M. Cage nie catégoriquement ces accusations.
L’interdiction citait la condamnation de Rabbani au Royaume-Uni pour avoir refusé de divulguer le code d’accès de son téléphone portable lorsqu’il a été arrêté en 2017 en vertu de l’annexe 7 de la loi de 2000 sur le terrorisme.
Cage a déclaré que Rabbani a passé près de 24 heures en garde à vue en France la semaine dernière. Il a été envoyé dans un centre de détention pour migrants d’où il a enregistré une vidéo sur son traitement. Cage a déclaré que la police française l’a interrogé à l’aéroport et au centre de détention. Il a également été interrogé par un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur.
M. Cage a qualifié l’interdiction de “totalement absurde” et d’exemple de “dépassement autoritaire”. Rabbani a déclaré : “La France m’a interdit de séjour pour avoir prononcé un discours lors de la conférence de l’OSCE, la plus grande organisation intergouvernementale de sécurité régionale au monde, exposant la politique d’obstruction systématique – une stratégie policière de répression maximale qui cible massivement les musulmans – en septembre de l’année dernière.
“Le gouvernement français est clairement menacé par une ONG qui lui demande des comptes. Nos interventions et nos critiques sont répercutées dans tous les domaines. Le fait de cibler un défenseur musulman des droits de l’homme pour l’interdire relève de la même islamophobie que celle dont ils s’offusquent d’être accusés.”
La vidéo du directeur de CAGE dénonçant sa détention et son expulsion (extrait de la description de la vidéo: “C’est de l’islamophobie sous stéroïdes parrainée par l’État !”)