01/10/22
Vous l’ignorez peut-être, mais Uber vient de fermer une usine en France et de licencier 2 500 personnes. Enfin, pas tout à fait mais c’est tout comme : ces dernières semaines, la filiale «Eats» de la firme américaine a désactivé les comptes de plus de 2 500 travailleurs sans papiers suspectés d’être frauduleux. Ils se retrouvent sans travail et sans compensation. S’ils avaient été salariés, ils auraient été licenciés. Mais Uber a imposé depuis son arrivée en France en 2011 le recours aux indépendants pour plus de «flexibilité», érigeant la sacro-sainte «disruption» en modèle d’avenir. Voilà donc ce que signifient «disruption» et «flexibilité» dans leur monde : c’est la liberté de pouvoir rompre les contrats de 2 500 livreurs, sans préavis, sans plan de licenciement et sans avoir à s’en expliquer.
12/09/22
Les manifestants, tous Africains, ont défilé entre la place de la République et le siège français du spécialiste de la livraison de repas à domicile. “Uber voleurs”, “livreurs en colère”, “justice pour les livreurs”, ont-ils scandé.
“On a été déconnectés de manière barbare, tout ce qu’ils ont dit c’est “document frauduleux””, déplore un livreur ivoirien préférant conserver l’anonymat et qui présente un taux de satisfaction de 99% sur l’application après un an de livraison pour Uber Eats.
[…] […]“Ils savaient très bien”
Tous les livreurs interrogés reconnaissent avoir utilisé des papiers d’identité ne leur appartenant pas pour créer leur profil mais critiquent l’hypocrisie d’Uber.
“Pendant trois ans j’ai travaillé comme ça pour eux”, s’indigne Ismaël Meïté, un Ivoirien de 32 ans sans-papiers. “Ils savaient très bien que la pièce d’identité et la photo de profil n’étaient pas identiques mais ça n’a pas posé de problème. Pendant le Covid on a travaillé énormément et maintenant ils disent qu’on n’est pas conformes?”, dénonce-t-il.
Uber Eats assure que chaque livreur a été informé de la raison de sa désactivation et qu’il existe une possibilité d’appel, ce qu’aucun des livreurs interrogés lors de la manifestation n’a confirmé. Uber a également indiqué avoir réactivé 3,8% des comptes déconnectés après réexamen de certains cas particuliers.
Un groupe composé de plus de 700 livreurs a été créé sur Telegram pour demander à Uber de régulariser la situation des coursiers ayant été bannis.