Le montant total du trafic de drogue à Anvers, destiné à inonder l’Europe via les Pays-Bas, oscillerait entre 50 et 60 milliards d’euros par an. L’équivalent du budget annuel des retraites en Belgique.
A Bruxelles, le premier ministre, trois ministres fédéraux (de l’intérieur, de la justice et de la santé), le procureur fédéral et quatorze bourgmestres (maires) sont réunis pour parler d’un sujet longtemps négligé : le trafic de drogue qui, durant l’été, a donné lieu à un déchaînement de violence inédit dans le pays. C’était le 15 septembre. « Enfin », soupire un magistrat, qui déplore depuis des années la lenteur de la riposte alors que, assure-t-il, il s’agit désormais d’éviter au royaume de devenir un « narco-Etat ».
Tout a débuté en 2012, quand des trafiquants néerlandais ont enlevé l’un des membres d’une famille ayant tenté de leur ravir un lot de cocaïne débarqué d’un conteneur du port d’Anvers. La famille s’est ravisée quand elle a reçu une photo du moulin à viande dans lequel le jeune homme kidnappé était menacé de passer.
Depuis, la violence n’a pas cessé et, cet été, des tirs, des tentatives d’incendie, des coups de couteau (ayant fait un mort) et des attaques à la grenade contre des domiciles et des commerces, se sont succédé. Dans la capitale belge, tout d’abord, où se déroule une bataille de territoire, mais aussi et surtout à Anvers, dont le port est, depuis des années, l’épicentre du trafic de cocaïne en Europe. Près de 90 tonnes y ont été saisies en 2021, 38 tonnes durant les six premiers mois de l’année, tandis que 28 autres à destination de la Belgique étaient confisquées en Amérique du Sud. […]