Les principaux candidats à la présidence du parti Les Républicains, Eric Ciotti et Bruno Retailleau, rejettent l’idée d’une « union des droites », du type de celles qui ont pu être nouées en Italie ou en Suède.
« L’union des droites » : l’expression, à chaque fois qu’elle est évoquée, fait tressaillir au sein du parti Les Républicains (LR). Voulu par nombre de figures d’extrême droite, comme le candidat malheureux à la présidentielle Eric Zemmour, ce projet d’alliance a, pour l’instant, toujours été rejeté par la droite républicaine, du moins au niveau national. La digue érigée en France n’est pas encore tombée, en dépit de l’inexorable perte d’espace politique de LR, d’un côté, et de la montée en puissance du Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, de l’autre.
Ailleurs en Europe, pourtant, la droite classique ne semble pas avoir les mêmes pudeurs. En Suède, à la fin de l’été, et très probablement en Italie, à l’issue du scrutin législatif qui aura lieu le 25 septembre, les formations équivalentes à LR dans ces deux pays ont noué des alliances avec l’extrême droite, afin d’accéder au pouvoir.
Une situation qui pourrait finir par trouver un écho en France ? A l’heure où la droite républicaine doit se choisir un nouveau président de parti, certains cadres, en interne, craignent que l’un des candidats, le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, ne soit tenté par un tel mariage. Cette hypothèse est même régulièrement évoquée par les détracteurs de ce partisan d’une ligne de droite dure. Lesquels imaginent une explosion du parti si M. Ciotti venait à être élu par les adhérents, lors du congrès de LR, début décembre, et qu’une telle union avait lieu. L’élu des Alpes-Maritimes, rappellent-ils, n’a-t-il pas déjà annoncé sa préférence pour Eric Zemmour, en cas d’un duel face à Emmanuel Macron ? Sur le fond, ne parle-t-il pas déjà le même langage que l’extrême droite, lorsqu’il appelle de ses vœux un « Guantanamo à la française » ?
Interrogé, M. Ciotti balaie pourtant d’un revers de la main ces craintes. « Une alliance avec le Rassemblement national reviendrait à un étouffement de la droite, qui conduirait à sa disparition », affirme-t-il. A ses yeux, un tel mariage ne relèverait même pas de « l’alliance politique mais de l’OPA d’un parti sur un autre ». « Dire qu’il y a trop d’immigration, ce n’est pas être aligné sur Marine Le Pen », veut croire M. Ciotti. « Ou alors, Gérald Darmanin, qui l’estime molle, est lui aussi dans le même cas », selon lui.
Au-delà du simple cas d’Eric Ciotti, dans les faits, nombreuses sont les similitudes dans les expressions publiques entre des figures de LR et l’extrême droite sur les questions régaliennes, de sécurité et d’immigration. Concept complotiste de « grand remplacement », quotas du nombre d’immigrés, lien direct entre la délinquance et l’immigration… Ces thèmes sont repris régulièrement, ici ou là, par la droite. […]