05/10/2022
Les restrictions au séjour imposées par Paris sont ressenties comme une humiliation par les citoyens marocains et algériens. Etudiants, médecins ou familles séparées dénoncent une «punition collective».
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Depuis, le nombre de visas accordés aux Algériens et Marocains a été divisé par deux. La réduction de 30% imposée aux Tunisiens a été levée le 31 août en raison d’une meilleure «dynamique sur la coopération migratoire et de mobilité» entre Paris et Tunis. «La France doit régler ses problèmes diplomatiques d’une autre manière, assène Lyla. Les relations tissées entre nos deux pays pendant tant d’années ont été brisées. Pour les rebâtir, ça va vraiment être difficile… on se sent tellement humiliés !» Depuis un an, la question des visas empoisonne aussi bien les relations diplomatiques que la vie des Maghrébins, dont les liens (politiques, économiques, culturels, familiaux) avec la France sont très étroits. Près de 30 % de la population immigrée en France était originaire de ces trois pays en 2018, selon l’Insee. La France constitue par ailleurs la première destination pour les étudiants maghrébins désireux de poursuivre leur scolarité à l’étranger.
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La décision unilatérale de durcir la politique d’octroi de visas est vécue comme une punition collective par la plupart des Maghrébins. Dans une pétition lancée début septembre, une centaine d’ONG des deux rives de la Méditerranée ont dénoncé un «chantage inadmissible et déshonorant» et une «atteinte à la libre circulation des personnes» : «Ces mesures […] produisent a contrario des effets dramatiques en poussant des milliers de jeunes et moins jeunes à emprunter des traversées en mer au risque de leur vie.»
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Sollicités à plusieurs reprises par «Libération», les ministères français de l’Intérieur et des Affaires étrangères refusent de communiquer les chiffres du nombre de visas demandés et octroyés par Paris à ces trois pays depuis l’annonce des mesures restrictives. Dans un récent entretien, le consul général de France à Alger, Marc Sédille, confirmait toutefois que la mesure – «de l’ordre de 50 % de refus» – avait été «appliquée». Selon le diplomate, 64 000 visas ont été octroyés aux Algériens sur les six premiers mois de 2022 – bien loin des 274 555 délivrés sur l’ensemble de 2019, dernière année représentative puisque non affectée par les restrictions de déplacements liés au Covid-19.
29/09/2022
« C’est une honte pour la France » : la colère des Marocains privés de visa pour l’Hexagone, la France reproche au Royaume son manque de coopération pour rapatrier ses ressortissants en situation irrégulière sur le sol français
Pour les Marocains. 69 408 visas ont été délivrés en 2021, contre 98 627 en 2020 et 346 032 en 2019, soit une chute de 80 % en deux ans.
De juillet à janvier 2021, pour le Maroc, 3301 OQTF ont été délivrées et seuls 80 expulsions ont eu lieu (2,4%).
Les restrictions de visa pour le Maghreb
Pour les Marocains. 69 408 visas ont été délivrés en 2021, contre 98 627 en 2020 et 346 032 en 2019, soit une chute de 80 % en deux ans.
Pour les Algériens. 63 649 visas délivrés en 2021, 73 276 en 2020, 274 421 en 2019 et 413 976 en 2017, soit une baisse de 77 % en deux ans et 85 % en quatre ans.
Pour les Tunisiens. 46 069 visas en 2021, contre 49 458 en 2020 et 145 846 en 2019, soit une baisse de 69 % en deux ans.
Le ministère français de l’intérieur n’a pas voulu communiquer de chiffrespour 2022, sauf pour l’Algérie avant le voyage d’Emmanuel Macron fin août. Au cours des sept premiers mois, 75 000 visas ont été accordés à des Algériens, témoignant d’un léger mieux.