Deux parents sénégalais sont condamnés par le tribunal de Thionville pour des violences commises sur leurs enfants. Les petits dénoncent des coups portés avec le câble d’un chargeur de téléphone et des brûlures causées par le frottement d’un piment, sur la bouche, les yeux, et sur le sexe de l’aînée.
Ils sont cinq enfants, âgés de 12 à 2 ans, lorsqu’ils se confient aux enquêteurs à la fin de l’année 2021. Ils sont entendus car leur papa est soupçonné de frapper leur mère. Ce dernier sera condamné à un stage de sensibilisation contre les violences dans le couple. Mais l’affaire ne s’arrêtera pas là. Les petits présentent de nombreuses cicatrices sur le corps. Et ils décrivent des violences quasi-quotidiennes à leur égard, des coups portés avec le câble d’un chargeur de téléphone. L’aînée détaille d’autres sévices. Elle explique que sa maman broie du piment et qu’elle le lui frotte sur le sexe pour la punir. Ses cadets évoquent aussi l’usage du piment sur leurs yeux, leurs bouches en réponse à « leurs grosses bêtises ».
Les enfants n’assistent pas au procès des parents ce mardi, pourtant leur parole résonne douloureusement dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Thionville. La famille a quitté le Sénégal pour s’installer en Espagne, puis en région parisienne, puis dans la vallée de la Fensch. Le père et la mère disent vouloir protéger les fillettes de l’excision, mettre toute la fratrie à l’abri.
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L’avocate de la défense, Me Lallement-Hurlin, insiste sur cette prise de conscience, salue les aveux entendus lors de l’audience. Elle rappelle le parcours chaotique de cette famille qui fuit son pays, « des parents dépassés par les difficultés éducatives ». « Leur situation est en cours de régularisation », ajoute l’avocate. Le tribunal rejette toutefois sa demande de ne pas inscrire la condamnation à leurs casiers judiciaires, jusqu’alors vierges. Les juges condamnent la mère à un an de prison avec sursis et le père à six mois avec sursis. Ils leur ordonnent également d’indemniser financièrement les enfants pour leurs préjudices, à la fois moral et corporel.