Il aura suffi d’une séquence de quelques secondes pour relancer le débat. Le 12 septembre dernier, France 2 diffusait le très attendu «Complément d’enquête» sur le business des influenceurs. De ce documentaire, on peut retenir beaucoup de choses: les salaires exorbitants des stars de la télé-réalité, la tendinite de Magali Berdah… Pourtant, c’est un détail qui a retenu l’attention de bon nombre de téléspectateurs.
On est à Dubaï, Milla Jasmine, figure de proue d’émissions de télé-réalité, sort au restaurant avec ses amies. Jusque-là, rien de bien anormal. C’est le commentaire du journaliste, Paul Labrosse, qui détonne. Il la présente comme «Marie Germain, alias Milla Jasmine».
Se créer des origines arabes
Dans l’imaginaire collectif, l’influenceuse est maghrébine. C’est du moins ce qu’elle suggère fortement. De son pseudo qui fait référence à la princesse Jasmine «à ses longs cheveux noirs, ses formes voluptueuses et ses lèvres pulpées, accentuées par de nombreuses chirurgies», comme la décrit Nadia Hathroubi-Safsaf, rédactrice en chef du Courrier de l’Atlas, Marie Germain joue la carte de l’ambiguïté raciale. Et ce, depuis son apparition à la télévision en 2015, dans «Les princes de l’amour».
Mais la première occurrence remonte à 2008. Dans une vidéo où elle chantait –paradoxalement– l’hymne de l’acceptation de soi des années 2000, «Ma philosophie» d’Amel Bent, elle se faisait appeler Farah.
Autant d’éléments qui permettent de dire que la Marseillaise est une adepte de l’arab-fishing. Calqué sur le mot anglais «catfishing» (activité trompeuse par laquelle une personne crée un personnage fictif ou une fausse identité sur un réseau social), l’arab-fishing désigne le fait de laisser penser ou de faire croire qu’on est arabe alors que ce n’est pas le cas.