Les événements récents de l’ambassade de France au Burkina sont une énième manifestation contre la France sur le continent africain. Il aura fallu juste une rumeur probablement lancée par les jeunes putschistes, sans doute pour s’attirer la sympathie de la population pour que des manifestants prennent la direction de l’Ambassade de France. Beaucoup de réactions entendues vont dans le sens d’une légitimation et d’une approbation de cette violence.
Dès le lendemain de cet épisode burkinabé, c’est au Sénégal que Guy Marius Sagna qui sans rire, s’est illustré avec les essenceries.
Là aussi, beaucoup de sénégalais ont applaudi défendant sans doute de bonne foi la patrie, croyant à un pillage orchestré par l’ancien colonisateur.
Mais sérieusement est-ce que quelqu’un a déjà rencontré un pompiste ou un gérant français ou anglais dans une station Total ou Shell? Moi je n’y rencontre que des Sénégalais. En revanche des gérants ou employés africains ou Sénégalais dans les stations en France il y en a énormément, rien qu’en Rhone Alpes, la plupart des stations sont gérées par des Sénégalais.
Peut-être que ce n’est pas le problème de Marius me direz-vous.
Soit, en revanche cela doit être le problème de milliers de Sénégalais notamment ceux de la diaspora. Leur contribution dans la richesse nationale via les transferts est évaluée à plus de 1 600 milliards de FCFA par an, soit 10% du PIB dont 60% proviennent de France, c’est considérable. Rappelons que si cela est possible c’est parce que dans leurs pays d’accueil, il leur a été donné l’opportunité de créer de la valeur et ils en ont fait bénéficier leur première patrie.
Et GMS voudrait que cela soit à sens unique? Bah voyons! Comme dirait son alter ego (plus cultivé) Zemmour.
Comment faire comprendre à Guy Marius que tant qu’il s’agit de lui-même, il peut tracer sa vie à grands coups de crayons et de rapports musclés. Mais quand on est représentant du peuple, il faut éviter d’avoir des propos préjudiciables envers une partie du peuple notamment des travailleurs de ces enseignes qui contribuent à la création de richesses.
Flanqué de son nationalisme orgueilleux, quand Guy Sagna stigmatise encore une fois une enseigne légalement installée au Sénégal et qui emploie des sénégalais, il oublie que ce sont les dividendes qui sont distribués aux actionnaires, mais la valeur ajoutée elle, appartient au Sénégal quelque soit la nationalité des actionnaires. C’est pour cela que dans ce contexte de mondialisation, le PIB est un indicateur plus pertinent que le PNB ou le RNB.
Dans le monde entier les Etats rivalisent d’ingéniosité pour attirer les capitaux étrangers pendant qu’ici, nous leur promettons boycott et pillage. Est-ce la bonne approche quand on sait que les capitaux des sénégalais sont investis pour plusieurs milliers de milliards de FCFA dans l’immobilier, dans l’économie de rentes au détriment de l’investissement productif ?
Tout cela l’intéresse-t-il vraiment? Il est tellement plus rentable de flatter l’égo des sénégalais et de designer autrui comme la source de tous nos maux. Reconnaissons que lui au moins il ne trahira pas ses électeurs, il est resté égal à lui-même. Il a l’air tellement sincère ce brave Guy, qu’on l’aime bien malgré sa monomanie maladive contre la France.
Ces deux derniers événements sont néanmoins un prétexte pour interpeller la diaspora dont les enfants sont français et les binationaux franco-sénégalais qui ont deux patries. Doivent-ils se terrer face à cette déferlante qui s’attaque à l’une de leur patrie, surtout lorsque ce France bashing repose parfois sur des fake et de la manipulation?
Qui est plus légitime que les binationaux pour plaider en faveur de relations fortes entre les deux pays où chacun y gagnerait, à commencer par eux-mêmes? Au lieu de cela, ils font partie de cette campagne hostile et félicitent les hommes politiques dont le fonds de commerce est la détestation de la France.
Ne faudrait-il pas rappeler à ces binationaux que ce n’est pas la France qui a été toquer à leurs portes et leur a octroyé de force la nationalité française. Bien au contraire, ils ont eux-mêmes fait de nombreuses démarches et se sont comportés de façon irréprochable pour l’obtenir. Une fois devenus français, ils se découvrent soudainement plus africains que jamais et se mettent à déverser leur colère sur l’ancienne puissance coloniale.
Que dirions-nous, si un guinéen naturalisé sénégalais passait son temps en dénigrer le Sénégal? Je doute que les Sénégalo-français apprécieraient.
Certains d’entre eux ne cachent pas leur sympathie pour Poutine qui selon eux, résiste à l’Occident, cette société qui les a accueillis. Si le Sénégal était en guerre contre la Mauritanie (qu’à Dieu ne plaise), envisageraient-ils d’être du côté de la Mauritanie?
À moins qu’ils ne soient des universalistes épris de justice et du droit des peuples etc etc. Mais les a-t-on entendus dire quoi que ce soit lors de l’intervention du Sénégal en Gambie ou du soutien du Président Macky Sall à Embalo?
Entendons-nous bien, Il ne s’agit pas de dire que la relation entre la France et ses anciennes colonies est irréprochable, loin s’en faut. Mais cette haine se justifie-t-elle et surtout à qui profite-t-elle? Dans ce contexte géopolitique tendu et de guerre commerciale, ne faudrait-il pas se demander à qui profite tout cela? La présence de plus en plus marquée des chinois et des russes est-elle pure coïncidence?
Certains hommes politiques déclarent que s’ils étaient élus, ils remettraient en cause certains accords avec la France sans jamais dire les quels ni ce qu’ils mettraient à la place. Pour que nul n’en ignore, ne devraient-ils pas nous dire quels sont ces accords en vigueur avec la France qui seraient inacceptables?
Plutôt que de ressasser le passé certes douloureux, ne faudrait-il pas construire l’avenir avec sérénité et responsabilité. Lionel Zinsou disait que l’Afrique est une chance pour l’Europe et l’Europe est aussi une chance pour l’Afrique.
Nos liens qu’on le veuille ou non sont une réalité. Une crise en Afrique est ressentie en Europe à travers la forte présence de ses ressortissants, ce n’est certainement pas le cas à Saint Pétersbourg ou à Shangaï.
La binationalité devrait aussi être une chance pour les africains et la France.
Il est cependant à craindre qu’en ne mesurant pas toujours cette opportunité et en ayant ces positions systématiquement contre la France, les binationaux alimentent un fantasme identitaire et xénophobe de l’extrême droite.
Gageons que le tapage des anti-France occulte le soutien silencieux à la France d’une grande majorité des binationaux et il urge aussi que la France se remette en question tant dans l’intégration de ses fils issus de l’immigration que dans sa politique africaine.