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En France, la moitié des exploitations sont dirigées par un agriculteur de 55 ans ou plus. L’enjeu du renouvellement des générations est crucial dans le monde agricole. Mais les jeunes repreneurs se font rares, notamment en pays de Savoie où le coût de la vie et du foncier refroidissent les ambitions. En Savoie et en Haute-Savoie, 52 % des exploitants ont plus de 50 ans. La vague de départ à la retraite approche et sans repreneur, c’est l’autonomie alimentaire de la région, voire du pays qui est en péril.

Patrick Pavy a dédié toute sa vie à son exploitation et à ses animaux. Depuis près de 50 ans, les journées de cet éleveur sont rythmées par la traite des vaches, la fabrication de tomes des Bauges et la vente aux clients.

Mais ce quotidien si bien rôdé va bientôt changer car, à 65 ans, il a décidé de partir à la retraite. “La coupure sera sans doute un peu difficile mais on sait qu’on arrive à un âge où il faut passer la main, admet-il en balayant le sol de son étable. Il faut lâcher un peu et former un jeune qui serait aussi passionné.”

Le problème, c’est que ce jeune passionné se fait attendre. Depuis un an, Patrick essaye de revendre ses parts et de trouver l’associé qui le remplacera aux côtés de son épouse et de son fils. Mais pour l’instant, aucune offre sérieuse n’a retenu son attention.

Ça inquiète, c’est du souci, reconnaît le sexagénaire. On est les seuls à faire de la tome des Bauges bio. Donc on espère qu’on trouvera quelqu’un qui veuille bien faire ce métier, pour qu’on ne soit pas les derniers“. […]

En 40 ans, le nombre d’agriculteurs a été divisé par quatre en France. Alors tout l’enjeu est de donner envie aux nouvelles générations. C’est la mission que s’est fixée Guillaume Léger, le président des Jeunes agriculteurs de Haute-Savoie.

Nous le retrouvons à Bellecombe-en-Bauges, en Savoie, où il est de passage sur l’exploitation de Charlotte Rostaingt. Avec son équipe, il a accompagné la jeune femme dans son projet de reprise.

Cette trentenaire, fille de boulanger, n’est pas issue du milieu agricole. Pas de parcelles en héritage, ni d’enfance passée à la ferme. Elle a dû se former elle-même et emprunter plus de 500 000 euros avec une associée pour acquérir et moderniser un élevage de vaches laitières.

Le but c’était de se préserver. On a fait le choix d’avoir un gros enjeu financier au départ pour avoir un train de vie correct, explique-t-elle. Notre génération, on veut vivre correctement de notre travail. Du moins, avoir du temps pour soi“. […]

Aujourd’hui, si on enlève nos dispositifs d’accompagnement, on n’arrivera pas à renouveler la moitié des exploitations. En France, 60 % des départs en retraite sont renouvelés seulement, et ce n’est pas suffisant. L’idée, ça serait de remplacer huit exploitations sur 10 pour, à l’avenir, continuer à produire notre alimentation“, explique Guillaume Léger.

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