15/10/2022
La grève dans les raffineries françaises de TotalEnergies se poursuit faute d’accord sur des hausses salaires avec la CGT, et avec des conséquences toujours importantes sur de nombreux secteurs d’activité affectés par la pénurie de carburants. Le mouvement social avait déjà été reconduit sur deux sites, jusqu’à mardi pour la raffinerie de Normandie située près du Havre, la plus importante de France, et mercredi pour celle de Donges (Loire-Atlantique).
«Le mouvement a été reconduit dans les trois établissements» de la Mède (bioraffinerie dans les Bouches-du-Rhône), de Feyzin (raffinerie dans le Rhône) et de Flandres (Nord), a indiqué samedi matin à l’AFP Eric Sellini, coordinateur CGT pour le groupe, sans donner plus de précisions. «Les faisceaux d’informations que je reçois à droite à gauche, il n’y a pas de soucis, ça tient jusqu’à mardi», avait indiqué vendredi à l’AFP Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe.
«Ici, à Flandres, ce sont les réquisitions qui touchent le moral des grévistes. S’il n’y a pas de réquisitions ce week-end, ça devrait nous aider à passer le week-end», avait-il ajouté. Le tribunal administratif de Lille a rejeté vendredi le recours en référé-liberté déposé par la CGT qui contestait la légalité de la réquisition par la préfecture de personnels grévistes dans ce dépôt de carburant.
(…)
12/10/2022
Combien gagne véritablement un salarié des raffineries Total ? (MàJ)
Contacté, un salarié de TotalEnergies‚ souhaitant rester anonyme, a détaillé sa rémunération à CheckNews. «Je suis opérateur extérieur depuis six ans, c’est un poste d’entrée chez Total. La convention collective prévoit un indice à 185, mais comme j’ai plus d’un bac +2, j’ai un coefficient à 215, soit environ 2 100 euros brut», explique-t-il. Les salariés perçoivent aussi 1 % en plus par année d’ancienneté jusqu’à 20 ans et sont payés sur 13,77 mois versés en quatre fois.
Une moyenne très variée dans les calculs de Total
A cela s’ajoutent 500 euros mensuels de prime de quart, liés au rythme en 3/8, c‘est-à-dire sur un rythme de travail organisé sur 24 heures avec trois équipes qui se relaient toutes les huit heures pour assurer la continuité de l’activité, y compris la nuit, les week-ends et les jours fériés. La prime de quart, élément essentiel de la rémunération, compense la pénibilité du rythme imposé sur ce type de poste. Elle est de 18 % pour les salariés en 3/8 et de 8 % pour ceux en 2/8 (quand deux équipes qui se relaient sur 16 heures). «Je tourne [en 2021, ndlr] autour de 2 500 euros nets avant impôt», résumé l’opérateur, syndiqué à la CGT. Et avec le 1,7 mois supplémentaire par an, autour de 2800 euros nets mensuels en moyenne (34 000 par an), soit près de 3300 euros brut par mois, hors intéressement et participation.
D’après Total, la moyenne de 4 300 euros brut hors intéressement et participation pour un «opérateur de raffinerie» (environ 15 % des quelque 14 000 salariés concernés par le conflit social en cours dans le groupe) inclut bien les mêmes éléments de rémunérations. Mais la compagnie pétrolière a choisi de regrouper sous ce terme d’opérateur «le chef de quart comme l’opérateur extérieur», confirme-t-elle à CheckNews, soit une moyenne de salaires forcément très variés. Contactée, l’Union française des industries pétrolières (Ufip) indique que le minimum conventionnel (hors primes) d’un opérateur extérieur est situé entre l’indice 185 et 250, soit, en brut, entre 1 958 euros et 2 456 euros, selon le barème en vigueur au 1er janvier 2022. Celui d’un chef de quart perçoit un salaire mensuel minimum situé entre 2815,86 euros (indice 290) et 3266 euros (indice 340). «A noter que dans la branche 85 % des salariés touchent un salaire supérieur de plus de 10 % au minimum conventionnel», nous assure-t-on, sans préciser si cela concerne tous les types de poste.
(…) Check news
10/10/2022
On a vu partout des queues interminables dans des stations-services. On a vu des scènes tendues entre automobilistes. On a vu un scénario bien huilé se répéter une nouvelle fois : quelques grévistes prendre en otage des centaines de milliers de personnes.
Il n’est pas courant que le secrétaire général du 1er syndicat de France désavoue les pratiques du deuxième. Pourtant, c’est ce qui s’est passé samedi matin quand Laurent Berger, au nom de la CFDT et au micro de « On n’arrête pas l’éco », a vertement reproché à la CGT de mener une grève préventive chez TotalEnergies, sans même chercher à négocier.
C’est bien ce que l’on a sous les yeux : une date de négociation sur les salaires avait été calée, c’était prévu en novembre, date que Total s’est déclaré hier prêt à avancer à tout de suite. Bien sûr, il y aura à la fin une forte hausse des salaires chez TotalEnergies ; Mais la CGT fait grève pour exiger 10% de revalorisation, sans discuter.
Du coup, il est utile de connaître précisément l’enjeu de ce conflit.
L’ouvrier en 3/8 en raffinerie TotalEnergies en Normandie a un salaire brut annuel de 40.000 euros bruts, auxquels s’ajoutent des primes de poste et d’ancienneté ainsi que d’autres éléments variables. Sans oublier l’intéressement et la participation. Le total est plus près de 70.000 euros bruts par an que de 60.000, et la participation sera beaucoup beaucoup plus élevée cette année, avec les résultats exceptionnels de la société. Ces chiffres sont évoqués par l’entreprise, on imagine que s’ils ne sont pas exacts, la CGT les démentira.
Tout cela, c’est bien au-dessus du salaire médian en France. Sans oublier le droit à 5 ans de préretraite payés par l’entreprise pour pénibilité.
Alors, attention : il ne s’agit en aucun cas de dire que ces salaires sont trop élevés par rapport à la qualification et aux postes occupés : on ne se permettra pas de porter un tel jugement – même si j’ai une petite idée de la réaction de nos auditeurs quand ils entendent ces chiffres ! Il s’agit juste de constater les pouvoirs exorbitants que donne depuis des années la capacité de bloquer un pays, avec toujours l’étrange soutien d’une partie de l’opinion.
L’édito éco de Dominique Seux, France Inter
(…)
Pour rappel, à la suite d’un accord signé en janvier 2022, les salariés français du Socle Social Commun de TotalEnergies ont bénéficié de mesures salariales représentant une augmentation moyenne de +3,5 % en 2022, en considération de l’année 2021.
Par ailleurs, ces mêmes salariés ont bénéficié en 2022 d’un Intéressement-Participation moyen aux résultats de l’entreprise de 9.108 €, avec un montant minimum de 7.250 €.
Ainsi, la rémunération mensuelle moyenne d’un opérateur de raffinerie de TotalEnergies en France en 2022 est de 5.000 € par mois, Intéressement-Participation compris (4.300 € par mois hors intéressement).
Enfin, pour aider les salariés à faire face à l’inflation créée par la hausse des prix de l’énergie la Compagnie a déjà pris les mesures suivantes cette année :
- un avoir de 150 € en mars 2022 pour les salariés français abonnés au gaz et à l’électricité chez TotalEnergies,
- une prime Énergie de 200 € net en juillet 2022 pour tous les salariés.
(…)
La proportion de stations-service qui manquent d'”un produit au moins” monte à 54,8% dans les Hauts-de France et à 44,9% en Ile-de-France.
Publié le 09/10/2022 17:06 Mis à jour le 09/10/2022 17:17
Le nombre de stations-service touchées par les difficultés d’approvisionnement en carburant “sur un produit au moins” augmente : elles sont 29,7% dimanche 9 octobre à 15h, selon les chiffres du ministère de la Transition énergétique communiqués à France Info. Elles étaient 20,1% samedi à 13h.
(…)
08/10/2022
Près de 20% des stations-service fonctionnent difficilement en France, selon le ministère de la Transition énergétique. C’est la conséquence de grèves menées dans plusieurs raffineries du groupe TotalÉnergies. Résultat : les files d’attente s’allongent et la tension monte chez les automobilistes.
(…)
Pénurie de carburant : le mouvement de grève reconduit chez TotalEnergies et ExxonMobil
La mobilisation, à l’appel de la CGT, touche plusieurs raffineries et dépôts de carburants français.
La tension sur les carburants se poursuit. Le mouvement de grève qui touche plusieurs raffineries et dépôts de carburants français a été reconduit, samedi 8 octobre, chez TotalEnergies et ExxonMobil, a annoncé la CGT. Trois des six raffineries françaises sont toujours à l’arrêt samedi, selon le syndicat. Il s’agit de la plus grande raffinerie de TotalEnergies, en Normandie, ainsi que les deux raffineries françaises de l’américain Esso-ExxonMobil.
“On est à environ 70% de grévistes”, assure Christophe Aubert, élu CGT chez ExxonMobil. Par ailleurs, à la raffinerie TotalEnergies de Feyzin (Rhône), “il y avait 100% de grévistes au service expédition à la relève de 6 heures”, a déclaré à l’AFP Pedro Afonso, élu CGT. “D’habitude, il y a 250 à 300 camions par jour et entre 30 et 50 wagons. Là il n’y a rien qui va sortir”, a-t-il ajouté, même si la raffinerie continue de produire.
Des stations-service à sec
Du côté du groupe d’énergie français, outre sa raffinerie de Normandie, les grévistes étaient massivement mobilisés ces derniers jours au dépôt de carburants de Flandres, près de Dunkerque (Nord), à la “bio-raffinerie” de La Mède (Bouches-du-Rhône) et au dépôt de carburants de Grandpuits (Seine-et-Marne), selon la CGT.
Les blocages des grévistes entraînent une baisse des livraisons de carburant, les stations-service sont donc plus souvent à sec. TotalEnergies, qui gère près du tiers des stations françaises, met aussi les perturbations sur le compte du succès de la remise à la pompe de 20 centimes qu’il accorde depuis le 1er septembre, en plus de la ristourne de l’Etat de 30 centimes.
05/10/2022
(…)
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a admis « des tensions (…) temporaires » en précisant que 12 % des stations rencontrent des « difficultés sur au moins un type de carburant ».
(…)