Un collectif de victimes des attentats du 13 novembre 2015 et de l’assaut contre l’immeuble de Saint-Denis du 18 novembre 2015, parmi lesquelles Camille Gardesse, Salima Hocini et Yann Revol, plaide, dans une tribune au « Monde », pour une égalité de reconnaissance et de traitement des victimes de terrorisme de novembre 2015.
Le 29 juin, le verdict du procès des attentats du 13 novembre 2015 était rendu, et aucun appel n’est venu le contester. Avec la fin de ce versant judiciaire, une page s’est officiellement tournée. Pour autant, toutes les victimes du terrorisme de novembre 2015 n’en ont pas terminé avec les enjeux juridiques.
En effet, le 25 octobre, la cour d’assises spécialement composée doit prononcer un autre verdict dont la portée symbolique est essentielle : elle annoncera sa décision au sujet de la constitution de partie civile des habitants du 48, rue de la République, à Saint-Denis, où deux terroristes des attentats du 13 novembre, Abdelhamid Abaaoud – le cerveau de l’opération – et Chakib Akrouh – son complice du commando des terrasses –, s’étaient retranchés, dans la nuit du 17 novembre 2015, pour se préparer à passer à nouveau à l’acte.
Extrême violence
Le 18 novembre 2015, dès 4 heures du matin, les forces de l’ordre donnaient l’assaut dans l’ensemble immobilier. Des civils, des hommes, des femmes, des personnes âgées et de nombreux enfants ont alors été brutalement sortis de leur sommeil et piégés pendant sept heures au milieu de milliers de tirs d’armes d’assaut et de l’explosion de la bombe des terroristes.
Héléna, Ahlam, Sydney, Ahmed, Melica, Viktor, Mohamed, Jérôme, Nour, Lucile et les autres ont pensé mourir. Ils ont tout perdu, ce matin-là : leurs effets personnels, leurs logements, leur santé et ils sont restés dès lors isolés, traumatisés et précarisés par l’événement, sans qu’aucune prise en charge psychologique leur soit proposée.
Pour quiconque a assisté aux témoignages déposés dans l’impressionnante salle d’audience du procès des attentats du 13 novembre 2015, il ne fait aucun doute que les habitants de Saint-Denis partagent avec les victimes du Stade de France, des terrasses des 10e et 11e arrondissements de Paris et du Bataclan une expérience commune : celle de l’irruption tragique et incompréhensible, dans un espace ordinaire, de l’extrême violence.