Pourquoi l’affaire Lola a-t-elle été récupérée politiquement, malgré les troubles psychiatriques vraisemblables de l’accusée? Maurice Bensoussan, président du Syndicat des Psychiatres français (SPF) et de l’Association française de psychiatrie (AFP), et David Soffer, secrétaire général de l’AFP, donnent des éléments de réponse.
Que pensez-vous de la récupération politique qui a été faite de l’affaire Lola?
En règle générale, la façon dont on traite ce type d’affaires, avec des gens qui cherchent le scandale et instrumentalisent ces événements avant même que les procès aient lieu, est odieuse et désolante. Dans le cas de l’affaire Lola, que ce soit la stigmatisation des étrangers ou celle des troubles psychiatriques, il faut se méfier des amalgames dans les deux cas. Certains veulent apporter des solutions simples à des problèmes complexes, et personne ne sort grandi de cet appauvrissement de la pensée.
L’accès aux soins psychiatriques pour les immigrés même en situation irrégulière, c’est un concept que vous défendez?
Bien sûr! S’il s’avère que l’accusée du meurtre de Lola était atteinte d’un trouble psychiatrique et qu’elle n’a pas été soignée, on aura tout loupé dans cette affaire. A refuser les soins psychiatriques aux étrangers, souvent sous prétexte qu’ils “viendraient en France uniquement pour se faire soigner”, on s’en mord parfois les doigts. On traite les maladies infectieuses grâce à l’Aide Médicale d’Etat (AME), pourquoi pas les troubles psys? Je croyais que nous étions un pays riche…
Ces troubles sont-ils encore considérés comme “honteux”?
Peut-être. Mais il faut rappeler que les soins aux étrangers, même en situation irrégulière, c’est aussi une garantie de sécurité pour le pays. Cela éviterait que certains cas finissent par défrayer la chronique. Nous sommes toutefois dans une sorte de sursollicitation des psychiatres en France. C’était tabou, mais heureusement les choses ont évolué dans le bon sens.
A quoi sert votre syndicat?
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