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Dans une scène délicieusement troisième république, le maire et le curé assistent à la réinstallation de la croix de 4,20 m de haut pour 2,10 m de large. Discours, bénédiction, puis prière des bâtisseurs de cathédrale se succèdent. Mais un voisin, «qui fait toujours des histoires», précise une habitante, allume son enceinte et brise l’harmonie de l’instant. Le rap crachote de son enceinte depuis la haie derrière la croix restaurée. Le calme des chants et des prières en vient pourtant à bout, et, de dépit sans doute, le pénible voisin éteint son enceinte, rendant ainsi sa solennité à l’inauguration du calvaire. Le Christ en fonte mate peut désormais veiller calmement sur les lotissements qui lui font face, pendant que le soleil troue les nuages pour venir lécher les traits fins de la sculpture
Des calvaires comme celui-ci, Alexandre Caillé aimerait en restaurer davantage. Chaque jour «cinq ou six messages» lui parviennent pour appeler son association à l’aide. «Là, Guy m’envoie des photos d’un calvaire très abîmé et me demande ce que nous pouvons faire», lâche-t-il. SOS Calvaires restaure un calvaire chaque mois dans ses 45 «antennes départementales» qui maillent territoire, grâce à de nombreux dons défiscalisés, ainsi que le soutien du Fond du Bien Commun. Mais la tâche est encore grande. Aucun inventaire ne recense précisément le nombre de calvaires qui peuplent les campagnes françaises.
Alors, chaque jour des habitants ou des communes appellent l’association. Elle fournit une aide technique, des bras volontaires pour débroussailler ou démousser, ainsi que des croix bâties dans son atelier. Dans chacune de leur opération, les volontaires de SOS Calvaires essaient d’impliquer les habitants. «Comme ça, ils se souviendront de la restauration de leur calvaire et auront plus à cœur de l’entretenir», sourit Alexandre Caillé.
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