Cellules qui débordent, cafards qui pullulent… Alors que la France est en passe d’établir un nouveau record du nombre de détenus, la contrôleure des prisons, Dominique Simonnot, exhorte le gouvernement à “affronter la réalité” carcérale et “agir” contre la surpopulation, dans un entretien accordé à l’AFP. “J’ai vu des gens à trois par cellule avec 0,8 m2 d’espace vital par être humain“, raconte Dominique Simonnot, qui demande au gouvernement d'”agir” contre la surpopulation.
Nommée contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) il y a deux ans, l’ancienne journaliste du Canard enchaîné a, au gré de visites de contrôle, pu constater le “cauchemar” de la situation actuelle.
À son arrivée à la tête de l’autorité indépendante, vigie des droits fondamentaux, les prisons étaient occupées à 100,7%, avec quelque 61.100 détenus pour 60.650 places. Elles comptent désormais, selon les derniers chiffres officiels, 72.350 détenus, 2053 matelas posés à même le sol, et le taux d’occupation atteint 119,2% en moyenne.
À la maison d’arrêt de Bordeaux-Gradignan, occupée à plus de 200%, “j’ai vu des gens à trois par cellule avec 0,8 m2 d’espace vital par être humain“, décrit Dominique Simonnot à l’AFP. La nuit, le troisième détenu dort par terre et se sert d’une porte pour y poser son matelas afin de ne “pas respirer des petits cafards au milieu de la poussière“, explique-t-elle.
“Gradignan, c’est quand même une prison où les surveillants nous ont dit ‘moi (si j’étais) détenu, je ne rentrerais pas dans les cellules’, nous ont parlé de leur détresse. Et où les détenus répondent ‘il faut les comprendre, ils sont à bout, on est trop’“, souligne encore la contrôleure générale.
Après cette visite, le CGLPL a adressé en juillet des recommandations en urgence dénonçant des conditions “inhumaines” de détention, mais son avis n’est pas contraignant. […]