En Méditerranée, l’enlisement diplomatique est à son comble avec le refus d’un port sûr pour les bateaux de secours en mer. En 1938 les grandes puissances échouaient déjà à accueillir 600 000 réfugiés juifs, allemands ou autrichiens, alors qu’un bateau errait dans les eaux internationales du Danube.
(…) Alors que le retour des frontières entre pays européens n’avait cessé de se consolider depuis 2011, et que les contrôles aux frontières se banalisaient sur fond de lutte contre le terrorisme, l’histoire bégayait. Et la professeure de droit écrivait dans Plein droit, la revue du GISTI, que le parallèle avec la Conférence d’Evian en 1938 s’imposait : “Il n’a rien de scabreux car si les Juifs, à l’époque, sont persécutés, spoliés, humiliés, pourchassés, physiquement agressés, personne ne peut alors anticiper la « solution finale ». Il s’impose tant les analogies sont frappantes : la fermeture de plus en plus hermétique des frontières à mesure que la persécution s’aggrave et que les flux d’exilés augmentent ; des réfugiés contraints à embarquer clandestinement sur des bateaux de fortune avec l’espoir, souvent déçu, qu’on les laissera débarquer quelque part ; en guise de justification, la situation économique et le chômage, d’un côté, l’état de l’opinion dont il ne faut pas attiser les tendances xénophobes et antisémites, de l’autre ; le fantasme, hier, de la « cinquième colonne » – agitateurs communistes, espions nazis – , aujourd’hui de la menace terroriste ; et finalement une diplomatie qui n’hésite pas à pactiser avec les pires dictatures, hier pour tenter de sauver la paix (on sait ce qu’il en est advenu), aujourd’hui pour tenter d’endiguer les flux de réfugiés.”