Une Lotus jaune décapotable remonte à vive allure la route qui mène au port de la Tour-Fondue. À l’horizon, la quiétude de la Méditerranée n’est troublée que par les allées et venues du ferry assurant la navette entre l’île de Porquerolles et le continent. À son bord, les touristes sont encore nombreux en ce week-end prolongé. Mais toute l’attention est concentrée ailleurs. Depuis vendredi, le centre communal d’action sociale (CCAS) surplombant la presqu’île varoise de Giens accueille 190 migrants secourus en mer par le navire humanitaire Ocean Viking – les 44 mineurs isolés ont quant à eux été pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Alors que la crise diplomatique entre Paris et Rome est dans l’impasse, la France a été contrainte de reconvertir dans la précipitation ce village de vacances en «zone d’attente internationale».
[…]Un groupe d’hommes en survêtement termine le café sur une terrasse en rez-de-chaussée, avec parmi eux Diaby, originaire de Guinée. Il affirme avoir 28 ans, bien que son visage laisse deviner quelques années de plus. Durant son périple, il a traversé le Mali, l’Algérie, puis la Libye avant d’embarquer sur un navire de fortune. « Nous pensions que la traversée durerait trois jours », balbutie t-il dans un français approximatif. « Je ne m’attendais pas à ça. On ne voyait rien sauf la mer. On n’avait pas assez d’eau et de nourriture. »
À son arrivée sur le territoire français, l’homme a été transporté par hélicoptère à l’hôpital de Bastia afin de soigner son bras cassé. Il espère désormais pouvoir s’installer en France. « Mon pays d’origine est une colonie française, je veux rester ici. »
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