Les individus, hommes ou femmes, condamnés pour des actes en lien avec le terrorisme islamiste, sont ces dernières années de plus en plus nombreux à retrouver la liberté. Selon les derniers chiffres du ministère de la Justice communiqués à franceinfo, 406 détenus “TIS” (Terroristes ISlamistes) étaient toujours incarcérés fin septembre 2022. Ces quatre dernières années, 343 détenus TIS ont été libérés dont 72 en 2022, sous surveillance immédiate de la justice et des services de renseignement.
(…)
En la matière, la France ne fait pas le détail. Même si des “sortants” comme Sofiane aimeraient qu’on les considère comme des gens qui ne représentent plus une menace, les services de renseignement intérieur appliquent une sorte de loi du talion : pour eux, un islamiste qui a été engagé dans l’action violente a toutes les chances de rester dans la mouvance et de récidiver.
“Toutes les personnes qui sortent de prison après avoir purgé une peine pour des faits de terrorisme doivent être surveillées. C’est une certitude, argumente l’un des patrons de l’UCLAT, l’unité de la DGSI qui coordonne le suivi des sortants. Potentiellement, ils peuvent effectivement repasser à l’action ou tenter de repasser à l’action. On est parfaitement lucides sur la probabilité très mince de désengagement de personnes qui ont été condamnées pour des faits de terrorisme. Cela nous est arrivé d’entraver à nouveau des personnes condamnées terroristes, à la sortie de prison ou dans les années qui ont suivi, parce qu’ils étaient à nouveau en train de fomenter un projet d’action terroriste. Pour nous, c’est une réalité.”
“L’UCLAT travaille en amont de la phase de radicalisation et en aval, jusqu’à l’entrave de personnes qui sont des terroristes, qui ont été qualifiés comme tels par la justice, dont le dispositif des ‘sortants’ de prison, mis en place à la demande des autorités en 2018. C’est un dispositif qui permet de rassembler tous les mois l’ensemble non seulement des services antiterroristes, renseignement et judiciaire, mais également tous les partenaires qui vont mener une action d’entrave, y compris administrative, précise ce responsable de l’UCLAT. On évoque l’ensemble des personnes condamnées terroristes qui ont vocation à sortir dans le mois en cours et dans le mois suivant. Le but de ces réunions est que chaque personne fasse l’objet d’un suivi opérationnel par un service qui aura été préalablement désigné. Mais c’est aussi, concrètement, quelles mesures vont être déployées pour que le suivi soit effectif. On a un panel de mesures administratives et judiciaires grâce aux lois qui ont été votées ces dernières années qui nous permettent d’assurer ce suivi. On a notamment les MICAS, les mesures individuelles de contrôle administratif et et de surveillance. On a également différents dispositifs judiciaires : les suivis post-peine, les surveillances judiciaires. On a une nouvelle disposition, dans le cadre de la loi du 30 juillet dernier : la mesure de prévention de la récidive terroriste, qui permet, sur des profils très précis et après une phase d’évaluation de la dangerosité, d’avoir un autre type de suivi complémentaire.”
(…)