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L’affaire de l’Ocean Viking incarne les dysfonctionnements de la politique migratoire européenne selon Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Il remarque que les pays en première ligne comme l’Italie peinent à absorber ces flux.

[…] Depuis le 1er janvier, Didier Leschi note que l’Italie a enregistré près de 90.000 arrivées : « Giorgia Meloni a tort de ne pas appliquer le droit de la mer, mais elle est confrontée [en première ligne, comme l’Espagne] à des personnes qui ne relèvent pas immédiatement du droit d’asile », ce qui rend la prise en charge plus complexe. En effet, la première nationalité accueillie par l’Italie ces dernière années est la Tunisie, qui n’est pas un pays en guerre. Sur l’Ocean Viking, des Bangladais et des Pakistanais étaient présents, des pays « que l’OFPRA [Office français de protection des réfugiés et apatrides] ne considère pas comme relevant du droit des réfugiés”  selon l’auteur de « Ce grand Dérangement, L’immigration en Face » (Gallimard).

[…] En France, l’INSEE comptabilise 7 millions d’immigrés, « c’est-à-dire quelqu’un né étranger à l’étranger ». Quant au nombre de clandestins, on peut l’approcher avec l’Aide Médicale d’Etat selon Didier Leschi, versée uniquement aux personnes sans titres de séjour : environ 500.000 à 600.000 personnes. La France est un cas particulier en Europe d’après lui : « on fait une régularisation au fil de l’eau, avec à peu près 35.000 personnes régularisées tous les ans ». Le directeur de l’OFII indique que depuis la fin des années 80, l’immigration du Sud de l’Europe « est devenue minoritaire par rapport à celle du Maghreb et de l’Afrique Subsaharienne ». A ces flux s’ajoutent ceux d’Afghanistan et du Soudan, « des pays déstructurés depuis longtemps ». Leur intégration et leur formation à l’emploi est particulièrement complexe car la plupart « ne sont pas capables d’écrire et de lire leur langue ».

La France reste un pays « envié » par les personnes engagées dans les « processus de migration », assure Didier Leschi. Il prend l’exemple d’Afghans arrivés en France après avoir été débouté en Suède, au Danemark ou en Allemagne : « ces personnes savent que le taux de protection est plus important chez nous ». […]

Le directeur de l’OFII appelle à des mesures collectives européennes, « pour éviter d’être dépassé, car cette projection du chaos peut aussi nous amener au chaos ».

Radio Classique

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