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Dans un nouveau rapport, l’Unicef revient sur les politiques de l’enfance menées par la France depuis le dernier bilan du Comité des droits de l’enfant de l’ONU en 2016. Adeline Hazan, présidente du comité français de l’agence, présidente du Syndicat de la magistrature de 1986 à 1989, pointe des carences notamment dans la prise en charge pédopsychiatrique.

C’est un cri d’alarme sur la situation des enfants en France. » Voici comment Adeline Hazan, la présidente d’Unicef France , résume le contenu du rapport choc qui sera dévoilé en partie ce dimanche. Dans ce texte, l’organisme passe en revue tout ce que l’Hexagone a mis en œuvre depuis le dernier bilan du Comité des droits de l’enfant de l’ONU en 2016. «  Il y a eu des avancées incontestables, comme la loi sur la protection de l’enfance ou la création d’une délégation à l’Assemblée, mais cela ne suffit pas, prévient Adeline Hazan. Les crises sanitaire, économique et environnementale ont accru les problèmes. Il faut que les droits de l’enfant soient une priorité, comme l’avait indiqué Emmanuel Macron. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. » […]

Plus de 42 000  jeunes SDF

Dans la septième puissance mondiale, un quart des enfants vivent dans la précarité. « L’État a bien adopté un plan d’action pour lutter contre la pauvreté, conformément à la décision de la Commission européenne. Il comprend des mesures intéressantes mais rien n’est dit sur le financement », dénonce Adeline Hazan. Selon un baromètre réalisé par l’Unicef avec la Fédération des acteurs de la solidarité, il y aurait 42 156 enfants sans domicile fixe en France. Parmi eux, 1658 seraient à la rue, 29 000 dans des hôtels, les autres en foyer d’hébergement.

Violences enkystées

Les chiffres font froid dans le dos : tous les cinq jours, un enfant est tué par un de ses parents. Le nombre d’appels au 119 pour signaler un mineur en danger avait explosé lors du premier confinement. Et le rapport confirme : la part des hospitalisations d’enfants consécutives à des violences a augmenté de 50 % entre 2017 et 2020. […] « Il faut que ce soit interdit », réclame l’ancienne contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, qui demande aussi le rapatriement de tous les enfants français retenus en Syrie .

​​​​​La faillite de l’aide sociale à l’enfance (ASE)

La loi pour la protection de l’enfance du 7 février 2022 devrait permettre des avancées pour les 308 000 mineurs bénéficiant d’un suivi. Mais la tendance n’est pas bonne : « Il y a de plus en plus d’enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance [ASE], mais le coût moyen de prise en charge diminue, et avec lui la qualité de l’accueil », dénonce Adeline Hazan. Sans parler de la crise de recrutement qui frappe les métiers liés à l’enfance. « Les institutions sont amenées à embaucher des personnels qui sortent de l’école ou des CDD sans aucune formation », alerte-t-elle. Quant aux mineurs étrangers non accompagnés, des préfets refusent de les confier à l’ASE, estimant qu’ils sont majeurs sur la base de tests osseux contestables.

Face à ces manquements, Unicef France avance des propositions : création d’un véritable ministère de l’Enfance ; mise en œuvre d’une stratégie globale – « la feuille de route de la secrétaire d’État à l’enfance est très imprécise à ce stade », juge l’ancienne députée PS ; et investissement de 1,5 milliard d’euros sur cinq ans (pour compléter le budget de l’aide sociale à l’enfance, doté de 8 à 10 milliards d’euros). Aux yeux de la présidente d’Unicef France, l’Hexagone n’est certes pas le plus mauvais élève au niveau mondial, mais il « peut mieux faire ».

Le JDD

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