Dans la semaine qui a précédé l’assassinat du professeur d’histoire-géographie, le 16 octobre 2020, la responsable du collège de Conflans-Sainte-Honorine où il exerçait a multiplié les alertes auprès de l’Éducation nationale ou de la police.
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« Ce sont des gens agressifs dans leurs propos. (…) Ils attaquent tout de suite sur ce qu’il s’est passé avec M. Paty. Ils le traitent de voyou à plusieurs reprises. (…) Je sentais le collège menacé et je me sentais en première ligne. »
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Dès la fin du rendez-vous, la proviseure fait remonter l’information au « directeur académique adjoint via son portable ». Elle lance aussi un signalement « Fait établissement », un dispositif rare qui permet aux chefs d’établissement de faire remonter au ministère des faits graves portant atteinte aux valeurs de la République. « J’ai aussi prévenu le référent police au commissariat de Conflans pour demander une sécurisation du collège », souligne la principale.
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Le 9 octobre, une réunion avec des parents d’élèves est encadrée par les forces de l’ordre : « J’ai au moins un policier en tenue qui est entré dans le hall. » À l’issue de cette semaine « compliquée », la cheffe d’établissement est alertée le samedi qu’une vidéo enregistrée par Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui est « passée à 800 vues (…). Je me dis que c’est un peu beaucoup. Le collège est nommé et M. Paty est nommé. »
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Le lundi matin, la pression ne retombe pas. Le collège a reçu « un message audio de la part d’une personne de Montpellier qui dit que, si l’on ne fait pas quelque chose avec notre Paty, ils vont monter s’occuper de nous. Il dit qu’il va en prendre plein la gueule et le collège aussi, en nous traitant de racistes. » À cet instant, la principale découvre des enseignants en larmes dans la salle des profs. Certains veulent exercer leur droit de retrait.