Les professionnels du bâtiment et des travaux publics constatent une nette augmentation des vols sur les chantiers de construction, notamment dans le Nord, la Gironde et les Bouches-du-Rhône. Des vols liés essentiellement à l’augmentation des coûts des matériaux ou à celle des prix des carburants. Outre un impact dans la réalisation des chantiers, ces vols induisent aussi des surcoûts pour les entreprises. En moyenne 100.000 euros par an et par entreprise de BTP dans les Hauts-de-France
Tentation conjoncturelle. C’est un fait, voler sur un chantier est beaucoup moins compliqué que braquer un magasin de bricolage. D’ailleurs, ce que le ministère de l’Intérieur classe sous l’étiquette « vols simples sur chantiers », est un phénomène qui a toujours existé. Sauf que, selon les professionnels du bâtiment, les choses prennent des proportions particulièrement inquiétantes ces derniers mois, notamment en raison de l’augmentation des prix des matériaux.
En consultant les statistiques de la délinquance du ministère de l’Intérieur, on observe une certaine stabilité des chiffres correspondant aux « vols simples sur chantiers » en France. Voire une légère baisse, passant de 16.846 faits en 2012 à 12.134 faits en 2021. L’autre chose qui saute aux yeux, ce sont les départements qui squattent la tête du classement depuis une dizaine d’années dans un ordre changeant : les Bouches-du-Rhône, la Gironde et le Nord. D’ailleurs, ce sont les professionnels des Hauts-de-France qui, les premiers, ont tiré la sonnette d’alarme : « Dans la région, ce sont 80 % des entreprises de travaux publics qui se plaignent de vols de carburant sur les engins de chantiers et 43 % qui déplorent des vols de matériels », assure Nicolas Delecourt, délégué général de la Fédération régionale des travaux publics (FRTP).
S’il reconnaît que le siphonnage de réservoirs était « presque un classique », il soutient aujourd’hui que le phénomène devient endémique : « le problème, c’est qu’il n’y a pas vraiment de solution contre ça, alors les entreprises sont plutôt résignées », glisse le délégué de la FRTP. A moins de ne remplir les engins qu’au strict nécessaire : « Soit les antivols de bouchons sont cassés, soit les réservoirs sont percés, poursuit-il. Alors les professionnels préfèrent ne pas mettre de sécurité plutôt que de voir le matériel détérioré. »
Pour la Fédération française du bâtiment (FFB), hors travaux publics, le vol de carburant reste à la marge. C’est plutôt sur le matériel que les délinquants se lâchent. « L’outillage électroportatif surtout, c’est un classique. En revanche, on remarque qu’il y a des vagues de vols pour des choses bien précises », reconnaît Laurent Debord, délégué général de la FFB de Gironde. Sur son secteur, les entreprises ont été confrontées récemment à des vols massifs de chaudières sur les chantiers. « Si ça se calme un peu de ce côté, on est désormais dans une vague de vols de coffrets électriques », explique-t-il. Par centaines selon lui, qu’ils soient posés ou non. « Le démontage est toujours fait de manière très propre, sans doute par des professionnels », estime Laurent Debord. […]