Voir leur logement squatté, voilà une inquiétude pour de nombreux propriétaires de maisons inoccupées. Comme le révèle Le Figaro, certains ont trouvé la parade en recourant aux services d’entreprises de « protection par occupation ». Colocation d’étudiants dans un ancien Ehpad, communauté intergénérationnelle dans un immeuble de bureaux désaffectés… Ce concept «gagnant-gagnant» séduit de plus en plus.
La porte est blindée, toutes les fenêtres sont condamnées, les volets soudés, renforcés par des étais à l’intérieur. Dans le quartier d’Orgemont, à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), ce studio au rez-de-chaussée d’une barre de béton grise est inoccupé depuis cinq ans. Mais alors que cet immeuble des années 1970, promis à la démolition, se vide peu à peu de ses habitants, comment s’assurer qu’il ne soit pas à nouveau squatté et saccagé? Pour se prémunir contre les intrusions, le promoteur immobilier Icade et le bailleur CDC Habitat ont opté pour la «protection par occupation». Un concept importé des Pays-Bas qui, face au fléau des squatteurs, séduit de plus en plus de bailleurs, offices publics, groupes privés… et même quelques particuliers. […]
Généralement, les « résidents temporaires » se voient proposer un bail allant entre deux et dix-huit mois, avec un préavis de sortie d’un mois. Si l’eau, l’électricité et le gaz sont réglés par le propriétaire, le locataire doit s’acquitter d’un faible montant mais doit se soumettre à certaines contraintes. Il n’a bien souvent pas le droit d’emménager avec des enfants ou des animaux de compagnie, ni d’organiser des fêtes. De plus, il se voit imposer une visite de contrôle mensuelle, afin de s’assurer qu’il ne dégrade pas les lieux.
D’après Capital, l’association Droit au logement (DAL) voit d’un mauvais œil le fleurissement de ce type d’entreprises, estimant qu’elles profitent de la misère sociale. En effet, ces « locataires jetables » doivent quitter les lieux sur demande à n’importe quel moment de l’année, car la trêve hivernale n’est pas respectée. De plus, une enquête publiée en 2017 par L’Obs avait pointé du doigt de nombreuses dérives : logements sales et insalubres, électricité coupée, intrusion dans la vie privée des locataires… De quoi faire dire à la DAL qu’il s’agit d’une « forme de travail déguisée ».