L’été 2022 a sonné un nouveau départ pour Halima, âgée de 38 ans, une Franco-Algérienne qui est chef de projet dans une ONG internationale. Elle vient de quitter Paris pour s’installer à Rabat.« Jamais je n’aurais pensé que je poursuivrais mon chemin au Maroc, mais maintenant que j’y suis, cela m’apparaît comme une évidence », confie Halima.
En réalité, elle a toujours rêvé de travailler en Algérie, le milieu professionnel dans lequel elle évolue aurait pu lui offrir des belles perspectives, mais ses liens familiaux compliqués et la vie difficile pour une femme célibataire dans le pays l’ont dissuadé. Elle a fini par choisir le Maroc qui s’est présenté comme un excellent compromis pour elle. Depuis quelques années, Halima sent le vent tourner en France. Du moins, elle est de plus en plus mal à l’aise.
“Je ne sais pas, j’ai commencé à remarquer les comportements déplacés, les petites plaisanteries sur mes origines, une obsession autour de ma foi musulmane. Je me suis retrouvée à tout dissimuler. Faire le ramadan en cachette, taire mes voyages en Algérie. Je ne m’étais pas rendue compte de cet effacement auquel j’avais eu recours ». […]
Halima n’est pas la seule à opérer ce type de bouleversement de vie. Ces enfants d’immigrés optent pour un autre type d’exil. Leurs parents ont quitté l’Algérie pour la France, souvent pour des motifs économiques ou de sécurité, notamment durant la période de la décennie noire. L’espoir de donner une autre chance à leurs enfants s’est transformé en une autre forme de désir de départ.
On observe un changement de vision dans les migrations, les Algériens de l’étranger ou les enfants d’immigrés algériens tentent de plus en plus leur chance dans les pays arabes. L’Europe et notamment la France ne les séduisent plus, ou du moins proposent des opportunités beaucoup trop réduites.
Beaucoup d’entre eux tentent leur chance dans des pays qui font écho à leur culture algérienne comme l’Algérie, le Maroc ou la Tunisie. D’autres se tournent vers le Moyen-Orient pour des opportunités professionnelles. De Dubaï à l’Arabie saoudite, ils profitent de leur attachement au monde arabe pour créer des entreprises là-bas ou s’expatrier.
Le monde arabe qui s’ouvre de plus en plus aux étrangers offre une option intéressante pour ces profils. Ce n’est pas seulement parce qu’ils promettent l’absence de discrimination de personnes comme celles issues de la diaspora algérienne. […]
Asma a seulement 27 ans mais de nombreux projets en tête. La jeune franco-algérienne a décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat. Amoureuse de gastronomie, elle a choisi la restauration. Elle n’est pas attirée par le Moyen et le Proche Orient mais plutôt par le Maghreb. Elle a grandi en Algérie mais est ensuite partie en France avec sa famille. Lorsqu’elle a pensé à monter son projet, elle avait le choix d’ouvrir un restaurant en France ou en Tunisie, elle a privilégié la capitale tunisienne. […]
En réalité, c’est un choix qui s’est fait par élimination. « Je supporte de moins en moins l’ambiance en France. Les dernières élections en France m’ont choqué, j’ai été lassée d’entendre constamment des discours anti-étrangers. De voir des personnalités comme Zemmour émerger. Je n’avais aucune envie de participer à l’économie d’un pays qui laisse le racisme tout grignoter ».
La pandémie de Covid-19 et la fermeture des frontières de l’Algérie durant presque deux années l’ont dissuadé de retourner dans son pays d’origine. […]