«La situation est intenable» entre les défenseurs d’une ligne révolutionnaire stricte et les partisans d’une vision plus «large et unitaire» du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), a confié vendredi à l’AFP Philippe Poutou, candidat NPA lors des trois dernières élections présidentielles. «On ne peut plus rester un parti avec deux lignes politiques différentes. Les luttes internes, autant au niveau organisationnel que politique, nuisent au parti. La séparation peut apparaître comme une solution», a ajouté le dirigeant du petit parti d’extrême gauche.
Cette «guerre des clans dure depuis des années. Dans le parti, certains camarades se détestent et ces rancœurs personnelles ont mené le parti au bord de l’implosion. Maintenant, il y a deux chemins possibles: soit on trouve un accord, soit on se sépare», a confié à l’AFP un délégué du parti qui préfère rester anonyme. L’ultimatum est fixé à samedi, lors du congrès du NPA qui a lieu ce week-end à la Bourse du Travail de Saint-Denis, quatre ans après le dernier congrès du parti.
Philippe Poutou et Olivier Besancenot, un autre ancien candidat du parti à la présidentielle, suivis d’une courte majorité des adhérents, optent pour une «gauche radicale qui peut travailler avec LFI». «On est d’accord sur certaines actions et thèmes défendus par la Nupes. On a tout intérêt de réaliser des actions ensemble. Qu’on le veuille ou non, Mélenchon est aujourd’hui le représentant de la gauche», lance Julien, 39 ans.
«Le choix du parti de soutenir la Nupes après la présidentielle n’était pas le bon. On pense qu’on aurait dû continuer à soutenir Poutou pour les législatives et affirmer nos idées. Si on est amenés à se séparer, ce sera la fin du NPA tel qu’il existe aujourd’hui», a rétorqué à l’AFP Damien Scali, porte-parole de la campagne de Philippe Poutou lors de la présidentielle 2022. 45% des 2.000 adhérents du NPA sont du même avis.
«Ça ne s’est pas vu de l’extérieur mais en réalité, il y a eu plusieurs campagnes pendant les élections cette année. Il y a ceux qui ne souhaitent que travailler avec Lutte ouvrière, et les partisans d’un parti plus ouvert», a résumé à l’AFP Julien Salingue, le responsable presse du parti.
Au-delà des oppositions internes sur la ligne politique du NPA, les adhérents sont «embarqués depuis des années dans un dialogue de sourds», à cause «d’une construction du parti qui rassemble plusieurs fractions qui ne communiquent jamais ensemble», a rapporté à l’AFP un membre de la direction. Philippe Poutou avait récolté 0,8% des voix, soit près de 270.000 votants, lors de l’élection présidentielle en avril.