Après un penalty raté au dernier Euro de foot, la star a reçu des tombereaux de tweets haineux. Neuf personnes ont été entendues par la police, l’une a déjà été condamnée pour « provocation à la haine raciale ». Mediapart a rencontré des jeunes gens inconscients du danger des clichés qu’ils véhiculent. Voyage de l’autre côté de l’écran.
(…) L’objet du délit est un tweet. Un condensé de pur racisme ciblant l’un des hommes les plus connus de la planète, Kylian Mbappé, attaquant du Paris-Saint-Germain, champion du monde en 2018 sous les couleurs de la France. Les termes incriminés : « Kylian Mbappé ce sale nègre mérite de se prendre une centaine de coups de fouet et de se faire revendre en Libye ce négros mérite pas la République française direction le Cameroun ou les champs de coton (sic). »
C’était le 28 juin 2021, à l’occasion des huitièmes de finale de l’Euro de football. Lors d’un match à couteaux tirés contre la Suisse, le petit prince de Bondy a eu le malheur de rater un penalty précipitant l’élimination de l’équipe de France et une marée haineuse sur les réseaux.
Le jeune homme à l’origine du post infâme n’est ni un néonazi ni un zemmouriste. Il s’appelle Karim, a 19 ans, un casier vierge et une barbe juvénile.
Comme lui, ils étaient des milliers à se déverser en insultes nauséeuses sur Twitter ce soir de match, cachés derrière la lumière bleue de leur téléphone et le confort anonyme d’un compte enregistré sous pseudo. Dans ses filets, la justice en a identifié neuf. Détail notable : ils sont tous jeunes, majoritairement diplômés et d’origines africaines ou antillaises, et partagent souvent la particularité de s’en prendre à Kylian Mbappé en raison de son métissage.
(…) Ils sont en majorité issus de milieux populaires mais fraîchement diplômés ; citadins, encore chez papa-maman ; ne revendiquant aucune réflexion politique ; passant entre deux et huit heures par jour sur les réseaux. Toutes et tous sont français et connaissent peut-être eux-mêmes le racisme, puisqu’ils sont d’origine congolaise, algérienne, rwandaise ou encore somalienne.