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[Les belles Histoires 4/5] En 2020, un jeune orphelin venu de Guinée débarque dans la vie d’une psychothérapeute septuagénaire lilloise, mariée et sans enfant. Aujourd’hui, elle est devenue sa mère adoptive. Tout arrive à qui sait accueillir l’inattendu !

« Je suis peut-être Sarah, mais pas Joséphine Baker ! », déclare dans un grand éclat de rire, en préambule à notre rencontre, Colette Madeleine. Regardant son fils Aboubacar avec un sourire tendre et malicieux, elle poursuit : « Joséphine Baker a adopté 12 enfants, mais elle avait un château en Dordogne ! » Elle n’en est pas moins grande dame, par sa taille et son élégance naturelle.

Toujours drapée de longues vestes et foulards dans les camaïeux de mauve, elle s’investit tout autant auprès des migrants qu’à la Fraternité diocésaine des parvis, à qui est confiée l’animation de l’église Saint-Maurice, à Lille. Elle nous raconte avoir depuis toujours « le souci de l’autre » et nourrir un amour pour l’Afrique. Comme Sarah, l’épouse d’Abraham, elle rit joyeusement de la surprise que lui a réservée la vie : devenir mère, à un âge où on devient plutôt grand-mère, huit ans après s’être mariée…

(…) C’est en 2020, à Lille, qu’elle rencontre Aboubacar, jeune migrant musulman. La Fraternité des parvis, comme beaucoup de paroisses catholiques et protestantes de la métropole lilloise, s’est engagée à accueillir régulièrement des groupes de migrants mineurs. Colette Madeleine et Didier se mobilisent, elle devient la coordinatrice de l’équipe, va visiter régulièrement les jeunes sur leurs lieux d’accueil. Derrière ses lunettes, dont les montures sont assorties à son écharpe, elle scrute leurs états d’âme, les écoute lui raconter leur histoire, découvre leurs maux, les réconforte.

(…) « Quand j’ai vu Aboubacar arriver au presbytère, j’ai senti que quelque chose se passait en moi, poursuit Colette Madeleine. Je me suis toujours sentie proche de lui, mais j’ai gardé ça secret. Jusqu’au jour où Abou m’a demandé s’il pouvait me poser une question. Je ne savais pas encore qu’elle allait bouleverser ma vie. C’était le 16 février 2021, nous étions assis dans la cuisine du presbytère, et il m’a dit : “Est-ce que vous voulez être ma mère ?” »

(…) « Aboubacar vient bousculer de manière joyeuse la vie. Il a le vertige, je l’ai aussi. Il a peur de l’eau, j’en ai aussi peur. Il a ce goût des relations humaines, que j’ai. Finalement, on se ressemble ! », observe sur un ton enjoué, la « jeune » mère.

(…) La Vie

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