02/01/2023
De plus en plus d’habitants se procurent des armes “parce qu’il faut bien se défendre”
Gérald Darmanin a annoncé ce week-end sur l’île le maintien d’un détachement de 12 policiers du Raid. Mais face aux agressions récurrentes, une partie de la population choisit de s’armer elle-même. Franceinfo a rencontré un père de famille qui ne sort plus sans son pistolet.
[…]Pistolets, machettes, Taser et matraques
L’oncle de Karim s’est, lui aussi, fait agresser en voiture. Piégé dans un barrage routier, il a reçu des coups de machette au visage qui ont nécessité douze points de suture : “Vous arrivez et vous vous faites attaquer, la bagnole défoncée, vous vous faites tabasser, même tuer, limite. Ils sont là pour ça.” Le trentenaire prend désormais ses précautions.
[…]30/12/2022
[…]Entre 3 000 et 4 000 mineurs isolés
Depuis plusieurs années, la population de ce petit territoire de l’océan Indien vit dans la peur des exactions auxquelles se livrent des jeunes de quartiers en guerre ouverte. Dans ce département exceptionnellement juvénile, l’âge moyen est de 23 ans contre 41 ans en métropole, selon l’Insee. En cause : une natalité élevée, avec 5 enfants par femme en moyenne, et plus de 10 000 naissances en 2021, pour une population de près de 300 000 habitants. La plupart des mères qui accouchent à Mayotte sont d’origine étrangère, en provenance de l’archipel des Comores. Sur les plages de ce petit bout d’Europe, des hommes, des femmes et des enfants accostent chaque jour, risquant leurs vies sur des embarcations de fortune dans l’espoir de trouver une vie meilleure.
Conséquence : la proportion d’étrangers n’a cessé d’augmenter, passant de 40% en 2012 à 48% en 2017, selon le dernier recensement de l’Insee. Un ratio “inédit” sur le territoire français, corrélé à un problème majeur : des pères et des mères en situation irrégulière se retrouvent fréquemment expulsés du territoire, laissant leurs enfants seuls à Mayotte. Heureusement, “une solidarité familiale très forte règne dans la société comorienne”, relève Baptiste Filloux, salarié du Secours Catholique sur l’île. “Classiquement, celui qui a un emploi nourrit l’ensemble famille. Donc si un oncle ou un cousin peut recueillir les enfants laissés seuls, ils le feront.”
Mais il arrive qu’il n’y ait aucun parent sur place pour prendre le relais. Les enfants se retrouvent alors livrés à eux-mêmes. Difficile toutefois de les recenser : les associations et pouvoirs publics estiment qu’ils seraient entre 3 000 et 4 000 mineurs non-accompagnés sur l’île. “C’est énorme quand on sait qu’il y a environ 16 000 mineurs isolés à l’échelle nationale”, analyse Nicolas Roinsard, sociologue et maître de conférences à l’université Clermont-Auvergne, auteur de l’ouvrage Une situation postcoloniale : Mayotte ou le gouvernement des marges (CNRS Éditions, 2022).
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