Le gouvernement de Justin Trudeau a donné 30 fois plus d’argent à la firme McKinsey que lorsque les conservateurs étaient au pouvoir. Parfois, avec des contrats sans appel d’offres.
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Un rôle central dans l’immigration canadienne
L’analyse des contrats démontre que c’est Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) qui a eu le plus recours à McKinsey depuis 2015, avec 24,5 millions de dollars accordés pour des conseils en gestion.
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Un comité économique fédéral dirigé par le grand patron de McKinsey
La potentielle influence de McKinsey sur les seuils d’immigration canadiens est elle aussi déplorée par nos sources.
Cet automne, Ottawa a dévoilé un plan historique, avec l’objectif d’accueillir 500 000 nouveaux résidents permanents, chaque année, d’ici 2025 pour mettre l’accent sur la croissance économique
.
Une cible et des propos quasi similaires aux conclusions d’un rapport dévoilé en 2016 par un comité formé par le gouvernement fédéral. Un groupe de conseillers économiques, dirigés par Dominic Barton, alors grand patron mondial de McKinsey, avait été formé par Bill Morneau, l’ex-ministre des Finances.
À l’époque, publiquement, ce plan ne faisait pas l’unanimité au gouvernement. Le ministre de l’Immigration, John McCallum, parlait d’un chiffre énorme
. Ce n’est pas moi qui pousse pour ça
, disait-il. Rapidement cependant, et malgré les critiques en interne, on nous a dit que c’était le plan fondateur
, assure l’une de nos sources.
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En France aussi :
McKinsey agissait déjà pour le compte de l’Etat à l’époque de Nicolas Sarkozy. Il avait conseillé le ministère de l’Identité nationale sur une “optimisation du processus de naturalisation”. Cette question migratoire est une des marottes du cabinet américain puisqu’en 2017, le député Aurélien Taché, alors membre de LREM, est chargé par le gouvernement d’un rapport sur la politique de l’immigration. Il auditionne le cabinet pour son “approche comparée avec l’Allemagne”, explique aujourd’hui au Monde le coprésident du parti Les Nouveaux démocrates. A l’époque, outre-Rhin, le cabinet avait travaillé avec le gouvernement d’Angela Merkel sur l’accueil des migrants.