Depuis de nombreuses années, anciens salariés ou concurrents de Chafic Alywan, ce patron tout-puissant, mis en examen et écroué le mois dernier, dénonçaient de graves irrégularités dans le fonctionnement de ses sociétés.
Si « objectif » signifie « à charge et à décharge », réaliser un portrait objectif de Chafic Alywan, mis en examen et écroué en décembre dans le cadre d’une enquête sur un réseau de corruption, tient de la gageure, tant cet homme de 51 ans fait l’unanimité contre lui. Employés ou ex-employés, concurrents, connaisseurs du cercle fermé des fourrières : tous dénoncent « un type odieux », selon l’un, « l’archétype du mec fort avec les faibles et obséquieux avec les puissants », vilipende un autre.
Libanais d’origine, Chafic Alywan débarque en France une première fois dans les années 1990. Selon nos informations, il en est expulsé en raison de ses accointances avec le Hezbollah. Son propre frère occupe un poste élevé à la Sûreté générale du Liban. Un premier mariage avec une femme de nationalité suisse lui permet de remettre un pied en Europe. Au hasard de la passation d’un marché public en 2015, il découvrira d’ailleurs qu’il est fiché « S ».
(…) « C’est un personnage totalement parano et mégalo. Il répète souvent : Y a Dieu et y a moi ! » Comme le premier, Alywan est omniscient, surveillant constamment ses ouailles. « Il avait pucé nos 4X4 pour savoir en permanence où l’on se trouvait », se souvient un salarié, dénonçant ces « poubelles roulantes » dans lesquelles il officiait.
24 heures après la révélation des malversations d’un magnat des fourrières parisiennes, la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, annonce avoir saisi l’Inspection générale de la Ville.
Ce jeudi 5 janvier, la maire (PS) de Paris a annoncé avoir demandé à l’Inspection générale de la Ville de « diligenter une enquête administrative ».
Au cœur de ce dossier : Chafic Alywan, le roi de la fourrière Inter Dépannage, qui régnait sur tous les arrondissements sud de la capitale ainsi que sur une partie des départements des Hauts-de-Seine et de la Seine-Saint-Denis. Avec lequel la ville travaillait.
Chafic Alywan a été mis en examen pour « corruption active et passive par personne dépositaire de l’autorité publique », « prise illégale d’intérêts », « faux en écriture publique », « violation du secret professionnel », « détournement de la finalité d’un fichier », « blanchiment » ou encore « abus de bien social ». Dans son sillage, un ancien fonctionnaire de la préfecture des Hauts-de-Seine a aussi été mis en examen. Des policiers sont aussi suspectés de corruption.
(…) Du côté de la mairie de Paris, qui attribue les marchés aux fouriéristes, certains chefs de service à la voirie sont suspectés d’avoir été complaisants avec Chafic Alywan. En juin 2021, le roi des fourrières, pourtant connu pour sa brutalité et ses méthodes douteuses, avait raflé pour quatre ans le lot numéro 2, soit les préfourrières Foch et Charlety, qui couvrent les VIIe, VIIIe, XIIe, XIIIe, XIVe, XVIe ainsi que le sud du XVe arrondissement.
