C’est une voix qui ne compte pas s’éteindre. En retrait de la scène nationale et malade, il a révélé en septembre être atteint d’un cancer de l’estomac, l’ancien ministre de l’Intérieur et ex-maire de Lyon Gérard Collomb n’en demeure pas moins un observateur attentif de la vie politique. Et un féroce contempteur du macronisme, dont il a épuisé les charmes après avoir compté parmi les plus proches soutiens du chef de l’Etat en 2017. “Le ”en même temps” a beaucoup déboussolé”, tranche aujourd’hui l’ancien édile. “Quand vous entendez Macron, sur tous les problèmes, il vous dit une chose puis une autre. Un coup dans le zig, un coup dans le zag. Sur l’Éducation nationale, il peut être sur une position laïque, celle de Blanquer, et l’instant d’après sur une autre, plutôt dans le woke.” Et d’enfoncer : “Cette façon de concilier des positions totalement opposées, c’est un tic chez lui. C’est une façon de penser le monde qui peut être intéressante d’un point de vue philosophique, mais qui ne correspond pas forcément à ce qu’il faut faire, sur le plan pratique, quand vous gouvernez un pays.”
L’avertissement à Darmanin
L’ancien ministre qui avait quitté la place Beauvau de manière fracassante en 2018, évoquant une situation “très dégradée” des quartiers difficiles et une France allant au-devant “d’immenses problèmes”, a mis en garde Gérald Darmanin, qu’il a rencontré début septembre pour évoquer le sort de la future loi immigration. “Je lui ai dit : ‘Fais attention, tu vas aller droit dans le mur, comme moi’. Car les problématiques que je soulevais n’étaient pas partagées sur le fond par Emmanuel Macron. Il m’a répondu : ‘Tu verras’. Et ce que j’ai vu, c’est que le président allait encore imposer ses vues, sur la régularisation notamment, créant un appel d’air.” Et ce n’est pas la seule remontrance de l’ancien ministre, qui a pu évaluer de près les difficultés de la filière hospitalière, après avoir été hospitalisé cet hiver. “Ce que j’ai vu au cours de mon séjour, c’est un hôpital en très grande difficulté où le sous-effectif est quelque chose d’incroyable. Il faut être passé par là pour comprendre combien on manque de personnel qualifié à tous les niveaux : médecins, professeurs, infirmiers… Vous avez des services qui ne tournent qu’avec un seul interne.”
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