“Snobisme arrogant”, “forteresses clientélistes”, “bien-pensance” : l’ancienne ministre de la Culture Roselyne Bachelot tape fort sur les travers du milieu dans un livre bilan de son passage Rue de Valois, “682 jours”.
La ministre en veut particulièrement à certains artistes, “les plus friqués”, estimant qu’ils ont fait preuve d’ingratitude en critiquant l’action de l’Etat, alors que le secteur, à l’arrêt, était maintenu sous perfusion financière.
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“Tout au long de cette crise, je suis restée scotchée par le double langage de ce milieu. Quand on passait saluer les artistes dans leur loge, les témoignages de gratitude étaient constants. En revanche, à la télévision et à la radio, la hargne et la victimisation se déployaient”, résume-t-elle aujourd’hui.
On pourrait attendre du monde du cinéma, gavé d’argent public, à défaut de reconnaissance – ne demandons pas l’impossible ! – du moins un salut bref et courtois au représentant de l’État lors de cette manifestation. (…) La fameuse exception culturelle permet en effet à de très nombreux films français de ne pas trouver leur public, comme on dit pudiquement, ou, plus explicitement, d’être des bides”, attaque Mme Bachelot.
“Le système permet, par ailleurs, aux acteurs qui sont en tête de casting de toucher des cachets mirobolants trois ou quatre fois supérieurs à ceux des acteurs des films du cinéma indépendant américain”, ajoute-t-elle. “Subventions directes, avances sur recettes, exonérations fiscales, intermittence ont créé une économie assistée qui non seulement ne s’inquiète guère des goûts des spectateurs mais professe un mépris affiché pour les films grand public et rentables. Donner un César à Dany Boon et ses plus de 20 millions d’entrées pour Bienvenue chez les Ch’tis, pouaaaaah !”, ironise-t-elle.