Ils s’appellent Ibrahima, Coumba, Bakary. Ils sont nés en France de parents sénégalais et ont choisi d’effectuer en sens inverse le voyage qu’avaient fait leurs parents. Adieu Nanterre, Trappes ou les Mureaux et bonjour Dakar.
Ibrahima Sylla, ancien chauffeur de taxi parisien a créé « Salam Transport », une entreprise de bus privée reliant Dakar aux différentes villes du Sénégal : elle est devenue en six ans la compagnie numéro 1 de bus privés au Sénégal. Coumba Sow avait un poste confortable de manager dans une grande banque française. Mais la jeune femme, qui a grandi dans un HLM à Asnières avec 5 frères et sœurs a ressenti l’appel de l’Afrique. Alors elle a pris un an de congé sabbatique pour s’installer à Dakar et a monté sa petite entreprise, Pari Sénégal, où elle accompagne des franco-sénégalais dans leurs projets de retour au pays. Bakary Coly, lui, a travaillé 15 ans à la Caisse des Dépôts en France. Son idée au Sénégal : monter une start-up de livraison avec des motos électriques.
Depuis quelques années, de plus en plus de Français d’origine sénégalaise partent tenter leur chance pour créer leur entreprise dans un Sénégal en plein boom économique, un pays qu’ils ont seulement connu pendant leurs vacances d’enfants.
Entre 2014 et 2019, le Sénégal a enregistré un taux de croissance de 6%, ce qui a accéléré ce chassé-croisé des générations entre la France et le Sénégal. Il est difficile à traduire précisément en chiffres, mais c’est une vraie tendance qu’on observe depuis plusieurs années et qui s’est accélérée depuis le Covid. Sans dissiper un triste paradoxe : si la jeunesse franco-sénégalaise ne voit plus la France ou l’Europe comme un Eldorado, les jeunes Sénégalais font encore souvent tout pour y émigrer, parfois au risque de leur vie.