(…) Cette stigmatisation des Arabes, il ne la supporte plus. A l’échine courbée de sa jeunesse, il préfère l’offensive. Il prépare un film, où tous les Maghrébins et autres quitteraient la France. Il résume le pitch : «Quand tu allumes les chaînes d’info, dès qu’il fait froid, c’est la faute des Arabes. Dès que les verts gagnent une élection, c’est le vert de l’islam. Vous savez quoi, on va se barrer tous, allez ciao, et on va voir, vu que c’est nous le problème, si ça va régler la question des mal-logés, de la vie chère, des Gafa qu’on n’impose pas.» En attendant ce projet, dont le comédien «de gauche» peaufine l’écriture avec l’islamologue libéral Rachid Benzine, son dernier rôle est aussi une quête d’identité. (…)
Ado, au contraire de ses camarades aisés de l’école privée où il est envoyé, Ramzy Bedia ne part pas en vacances au ski, n’a pas de maison de campagne en Normandie. Il sent chaque jour leur différence, a l’impression d’être invisible. Il s’en est inspiré pour son premier film, très intime, en tant que réalisateur, Hibou (2016), injustement boudé (8000 entrées). Lui qui ne connaissait (presque) que le succès a subi frontalement l’échec, comme si les spectateurs ne voulaient pas qu’il sorte de son archétype de grand échalas bébête enchaînant les blagues, sorte de Gaston Lagaffe version moderne.
Merci à Bouli et François V.