12/02/23
L’UE doit-elle financer des clôtures à ses frontières extérieures pour lutter contre l’immigration irrégulière ? Le débat a resurgi lors du sommet des Vingt-Sept à Bruxelles jeudi, et la pression d’une partie des Etats membres s’accentue en faveur d’une telle solution.
L’Autriche a été l’un des plus fervents avocats de cette option, réclamant que le budget européen serve à renforcer la clôture érigée par la Bulgarie à sa frontière avec la Turquie. En octobre 2021 déjà, douze pays avaient demandé que l’UE finance ce type de mur, pour répondre aux arrivées de migrants via le Bélarus.
A l’issue de la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement au petit matin vendredi, le chancelier autrichien Karl Nehammer a exprimé sa satisfaction.
“Nous avons l’engagement que tous les pays situés aux frontières extérieures seront pris en considération par la Commission lorsqu’il s’agira de protéger ces frontières extérieures”, a estimé le responsable, se félicitant d’une “clarté sans précédent”.
“Nous avons l’engagement clair de la Commission pour soutenir des projets pilotes tant en Bulgarie qu’en Roumanie“, a-t-il ajouté.
Si un tel financement est jugé possible juridiquement par le président du Conseil européen Charles Michel, la Commission européenne a jusqu’à présent refusé que l’argent de l’UE aille à des “murs et barbelés”.
(…) Selon le groupe GUE/GNL (gauche radicale) au Parlement européen, fermement opposé aux murs, entre 2014 et 2022, la longueur totale des clôtures construites aux frontières extérieures de l’UE et au sein de l’UE et de l’espace Schengen est passée de 315 à plus de 2.000 km.
(…) Le chef de la diplomatie de l’UE, l’Espagnol Josep Borrell, a mis en garde contre une “Europe forteresse”.
26/01/23 : « Pas d’argent » dans le budget de l’UE pour des clôtures frontalières, selon la Commission européenne
Alors que Vienne veut une frontière extérieure de l’UE «plus robuste» et Sofia deux milliards pour agrandir sa «barrière», Bruxelles préfère garder «ses» sous pour d’«autres choses».
La Commission européenne a réitéré, jeudi, son opposition au financement par l’UE de murs ou de clôtures pour lutter contre l’immigration irrégulière, une demande émise par une partie des pays membres, dont l’Autriche encore récemment.
«Il n’y a pas d’argent dans le budget de l’UE pour cela. Si nous devions dépenser de l’argent pour des murs ou des clôtures, il n’y aurait pas d’argent pour d’autres choses», a déclaré la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, interrogée à son arrivée à une réunion des ministres de l’Intérieur à Stockholm.
Lundi, le chancelier autrichien Karl Nehammer s’est rendu à la frontière entre la Bulgarie et la Turquie, le long de laquelle une clôture a été érigée par Sofia pour empêcher les arrivées de migrants. Il a indiqué «soutenir» la demande du président bulgare Roumen Radev à la Commission d’obtenir «deux milliards d’euros pour étendre cette clôture, afin de fournir une réelle protection pour l’Union européenne».
«Il est nécessaire de rendre la frontière extérieure de l’UE plus robuste, pour que nous ayons la possibilité de voyager de façon sécurisée au sein de l’espace européen.»
Gerhard Karner, ministre autrichien de l’Intérieur
«Il s’agit d’équipements techniques, de caméras de surveillance, de drones, d’hélicoptères, de véhicules et de l’infrastructure elle-même. L’Autriche est clairement du côté de la Bulgarie quand il s’agit de soutenir ce pays dans cette démarche», avait ajouté le chancelier, qui compte soulever la question au prochain sommet européen des 9 et 10 février.
Son pays, confronté à une forte hausse des demandes d’asile, avait bloqué, en décembre, l’intégration de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’espace Schengen de libre circulation, redoutant que cela n’accroisse les arrivées de migrants.