Spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, Jean-Christophe Notin publie la compilation exceptionnelle de ses petits portraits de résistants proposés sur son compte Twitter. Rencontre à l’occasion de la Journée du souvenir des victimes de l’Holocauste, ce 27 janvier.
Après Dans l’honneur et par la victoire, plus spécifiquement consacré aux Compagnons de la Libération, mon dernier livre reprend en effet quelque cinq cents portraits de résistants au sens large, médaillés de la Résistance ou non, publiés sur mon compte Twitter. Ce livre suit donc le même principe : une photo, accompagnée d’une brève légende évoquant un ralliement, une évasion, une tentative pour rejoindre Londres, une dernière lettre… Mille trente-huit personnes furent nommées Compagnons, un peu plus de soixante-cinq mille se virent attribuer la médaille de la Résistance. Voilà qui permettait d’aborder tous les aspects de la lutte contre l’Occupant, en particulier la participation longtemps ignorée des femmes (environ 10 % des médaillés de la Résistance), ainsi que celle de nombreux civils. On ne rappelle pas assez, en effet, que les résistants et Français libres étaient des volontaires issus de tous horizons. S’ils furent mobilisés, ce ne fut que par leur conscience.
Qu’apportent de plus ces portraits à la connaissance historique sur la Résistance ?
Sur le plan théorique, rien, mais sur le plan humain, beaucoup. Aborder la Résistance à travers le prisme de destins singuliers, de manière incarnée, est un de mes objectifs depuis toujours. Résister ? « Quand mon ami Emmanuel d’Astier de La Vigerie lança ce mot, à l’été 1940, nous nous sommes tous regardés en nous demandant ce qu’il pouvait signifier au juste », me confia un jour Pierre Louis-Dreyfus, dans un de ses très rares entretiens, pour ne pas dire unique, qu’il accorda. Eh bien, ce fut son engagement dans les bombardiers lourds de la France libre qui survolaient l’Allemagne, risquant à tout moment de se faire tuer. Ce fut Léa Vion, qui cacha des aviateurs alliés au sous-sol de la maternité qu’elle dirigeait, non loin du mur de l’Atlantique. Ce fut Thérèse Menot qui sabota l’usine dans laquelle elle travaillait. Ce furent les « cinq du lycée Buffon », exécutés le 8 février 1943… Et tant d’autres. Ces vies exceptionnelles dépassent l’entendement. […]