La victime, dont le mari est jugé depuis ce mercredi pour des violences commises dans la nuit du 2 au 3 septembre 2020 à Cheptainville, a témoigné et raconté son calvaire, ce jeudi devant la cour d’assises de l’Essonne. Le verdict est attendu ce vendredi soir.
Rokia (le prénom a été changé) continue de craindre son mari, bien qu’il soit derrière les barreaux depuis les faits. « Il m’a téléphoné avec plusieurs numéros depuis la prison, j’ai été harcelée du matin au soir. Et tout ce que m’a dit le juge, c’est de changer de numéro », explique-t-elle à la cour d’assises de l’Essonne, en ce deuxième jour d’audience. Une fouille de la cellule avait été ordonnée et un téléphone saisi, rappelle néanmoins l’avocate générale. « Je ne me sens pas en sécurité. Il disait tout le temps qu’il pouvait manipuler la justice et que je n’allais pas vivre longtemps. Il pourrait envoyer des gens pour moi. »
[…]Fin 2020, elle ira jusqu’à retirer sa plainte, toujours pour la même raison, mais aussi du fait des pressions de la famille et de l’accusé. « Dans la religion musulmane, on ne divorce pas. Il n’y a pas de viol, l’homme a accès à la femme quand il veut. On ne porte pas plainte contre son mari. Ma mère m’a même dit : Qu’est-ce qui te prouves que je n’ai pas été dans cette situation ? Mais je ne suis jamais partie. Ça m’a marquée. »
[…]À partir de là, il n’est plus question de simple discussion, comme le prétend l’accusé. « Il m’a jetée sur le lit et a fermé à clé la porte de la chambre. Il a coupé mes vêtements, a retiré mes habits de force et m’a frappée violemment jusqu’à ce que je sois épuisée. Quand il a senti que je ne pouvais plus me défendre, il est passé à l’acte. Et, révèle-t-elle, je ne l’avais pas dit aux gendarmes pour ne pas l’enfoncer. Il a ouvert la fenêtre et m’a dit de me défenestrer plusieurs fois. J’ai eu très, très peur. C’est ce que j’ai vécu de pire. La première, c’était l’excision, et la deuxième, cette nuit-là. Ces deux choses me hantent. »
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