Bien plus qu’une construction de bric et de broc ou un divertissement : le manège de “Petit Pierre” est une utopie d’art brut, façon “palais du facteur Cheval”, et la revanche du monde intérieur de cet homme atteint d’une maladie.
Pierre Avezard, dit “Petit Pierre”, est né en 1909 avec le syndrome de Treacher-Collins. Il n’a ni palais, ni pavillons d’oreilles, ce qui le rend presque sourd et muet. Moqué par les autres enfants, il arrête l’école et c’est sa grande sœur Thérèse qui lui apprend à lire et à écrire.
Heureusement, ses parents lui apportent des bases affectives solides et un surnom rassurant, “Petit Pierre”. Sorti de l’école, il devient garçon-vacher (gardien des vaches) dans une ferme de son Loiret natal. “Et là, à nouveau, ses collègues se sont moqués de lui, raconte la commissaire de l’exposition. Il s’est réfugié dans le fenil de l’étable, là où il a le foin, pour dormir. Et il a commencé à inventer un système ingénieux, pour distribuer aux vaches qu’il préférait des betteraves.”
Son patron, admiratif, lui offre un lopin de terre pour le récompenser. C’est là que naîtra son manège. Il récupère ce dont il se sert à la ferme : des boîtes de conserves, des pneus, des fils de fer, et en fait des objets comme des moulins à vent ou des bouquets en métal. Il utilise aussi les débris d’un avion tombé pendant la guerre dans le champ en face de la ferme.