Neuf personnes noires sur dix, en France métropolitaine, disent être victimes de discrimination raciale dans leur vie de tous les jours, 91% précisément, d’après le dernier baromètre du Conseil représentatif des associations noires (Cran)*, que franceinfo et le journal Le Parisien dévoilent en exclusivité.
Dans le détail, de ce sondage Ipsos commandé par le Cran, à la question “diriez-vous que dans votre vie de tous les jours, vous personnellement, vous êtes victime de discrimination raciale… ?”, seulement 9% des personnes noires ou métisses d’ascendance noire répondent “jamais”, alors qu’ils sont 22% à répondre “rarement”, 44% “de temps en temps” et 25% “souvent”.
Ce “racisme du quotidien” s’exprime parfois de façon presque imperceptible. C’est dans les espaces publics (la rue ou les transports en commun) que ces discriminations se font sentir le plus, d’après les Français noirs interrogés (41%). Ces faits ont lieu aussi au travail (31 %), dans les gares, les aéroports ou aux frontières (18 %), ainsi qu’à l’école ou à l’université (14 %).
“Ce sont les lieux de vie quotidienne”, commente le fondateur du Cran, Patrick Lozès, au journal Le Parisien . En un an, en métropole, sept personnes sur dix disent avoir fait face à des attitudes irrespectueuses, ou méprisantes, estimant que c’était en lien avec leur couleur de peau. Un racisme sociétal qui se glisse aussi au travail par de petites réflexions, jusqu’à de vraies difficultés d’embauche, témoignent les deux-tiers des sondés.
Contrôle de police plus fréquent et rejet familial
L’enquête nous apprend aussi que les personnes noires sont toujours deux fois plus contrôlées par la police que la population française dans son ensemble. Ils sont 49% des personnes noires et métisses d’ascendance noire a déclaré avoir été contrôlé au moins une fois alors que ce chiffre n’est que de 23% sur l’ensemble de la population française.
Enfin, le Cran met un coup de projecteur sur le rejet familial de plusieurs minorités visibles : un tiers (31%) des Français affirment qu’ils réagiraient “mal” si leur enfant épousait une personne noire, ou de même sexe (36%) et jusqu’à 46% si cette personne est d’origine maghrébine.
*Enquête réalisée en ligne et par téléphone du 10 au 26 novembre 2022 par Ipsos pour le Cran auprès d’un échantillon de 807 personnes représentatif de la population française noire ou métisse d’ascendance noire âgée de 18 ans et plus. Méthode des quotas.