D’abord, le constat. « Ces contenus qui se présentent comme vulgarisateurs sont présents massivement sur TikTok, YouTube, Instagram, un peu sur Twitter », énumère Florian Besson, chercheur en histoire médiévale, qui anime le compte Twitter Actuel Moyen Âge, outil de communication d’un collectif de sept médiévistes. Il y a plusieurs types de démarches. « Certains sont simplement des mauvais contenus truffés d’erreurs. Puis, il y a une nébuleuse de comptes proches de la fachosphère, qui surfent sur l’histoire pour développer un argumentaire d’extrême droite. Enfin, il y a des vidéos dont le but est complotiste. »
Florian Besson, de son côté, a dû récemment remettre de l’ordre dans la tête de certains de ses élèves de quatrième, qui jugeaient, après avoir vu une vidéo décryptant le premier film du Puy du Fou « Vaincre ou Mourir » (l’histoire du mouvement contre-révolutionnaire en Vendée à la fin du XVIIIe siècle) que la Révolution française avait produit un « génocide ». « Cela entraîne les élèves sur des erreurs factuelles, leur socle historique devient bancal », dit-il. « Le risque, c’est que ces fake news cheminent jusqu’au bac. Cela peut devenir un handicap », soupire Paul.
Un exemple a récemment secoué les réseaux : le compte YouTube pour enfants « Je révise avec toi ». 8 500 abonnés, 350 000 vues, pour une quarantaine de vidéos parfaitement marketées pour les jeunes et décryptant des épisodes historiques. « Sauf que c’est bourré d’erreurs », s’étrangle Florian Besson, qui a « corrigé », sur Twitter, le chapitre sur les croisades. Il y épingle, pêle-mêle : une carte fausse, l’islam présenté comme « uniformément menaçant et agressif », une vision « zemmourienne » des faits… « Un cocktail très politique », résume-t-il.
Pourtant, dans un article de Libération consacré à leur chaîne YouTube, on apprend que certains gérants du compte sont proches d’une structure d’extrême droite, l’Institut Illiade. […]