Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé que le groupe français Eurenco allait relocaliser en France la production de poudre propulsive pour les obus.
L’industriel français Eurenco, qui produit des explosifs et poudres pour les munitions d’artillerie, va relocaliser à Bergerac (Dordogne) la production de poudre propulsive pour les obus, a annoncé mercredi le ministre des Armées Sébastien Lecornu. “Nous avons décidé de relocaliser une capacité de production de poudre de gros calibre à Bergerac sur un horizon assez court (…) avec un objectif de 1200 tonnes de poudre par an“, a déclaré le ministre lors d’une conférence de presse, justifiant la décision par les conséquences de la guerre en Ukraine, entre autres.
Héritier de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) Eurenco avait par le passé “rationalisé son outil industriel en délocalisant cette production sur son site suédois tout en conservant la propriété du savoir-faire technologique en France“, relevait un rapport parlementaire sur les stocks de munitions publié la semaine passée. La poudre était également achetée auprès de fournisseurs italiens, allemands et suisses.
Si l’entreprise y réfléchissait depuis la crise du Covid, “l’élément déclencheur de l’investissement a été la consommation des stocks, pas seulement en France mais partout en Europe”, selon le PDG d’Eurenco, Thierry Francou. De nombreux pays fournissent en effet des obus de 155 mm à l’Ukraine pour faire face à l’invasion russe, vidant leurs stocks déjà souvent étiques. En France, le président a appelé à entrer en “économie de guerre”, afin de pousser les industriels à augmenter leurs capacités à livrer davantage et plus rapidement les matériels militaires.
L’export, qui constitue les deux tiers du chiffre d’affaires d’Eurenco, “va être soutenu pendant les dix prochaines années. Aujourd’hui j’ai des commandes fermes jusqu’en 2027“, a affirmé le PDG, notant que “ce qui permet d’entretenir une filière souveraine c’est l’export“. La mise en œuvre de cette usine est prévue pour le premier semestre 2025. Les 1200 tonnes de poudre propulsive permettront à Eurenco de fabriquer 500.000 charges modulaires, soit 95.000 “coups complets”, a-t-il détaillé. L’investissement s’élève à 60 millions d’euros dont 50 seront financés par l’entreprise.
Un “coup complet” est constitué d’un obus, fabriqué en France par Nexter, et de charges modulaires propulsives. En fonction de la distance à atteindre (40 kilomètres pour un canon Caesar), il faut jusqu’à six charges modulaires par obus tiré. Le ministère des Armées de son côté va “enclencher des perspectives d’achat sur une base moyenne de 15.000 coups complets par an pour l’armée de Terre française” dans le cadre de la prochaine loi de programmation militaire (2024-2030), selon Sébastien Lecornu.