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Après les bobos, voici les bourgeois fans de « Méluche ». Comment ont-ils contribué à la percée électorale des Insoumis en 2022 ?

l y a des signes qui ne trompent pas : de manière systématique, Jean-Luc Mélenchon a enregistré ses meilleurs scores électoraux parisiens de 2022 dans les arrondissements qui se sont le plus enrichis ces dix dernières années. Dans le 11 e arrondissement -souvent considéré comme le cœur battant de la gentrification -, les données de la Direction générale des finances publiques sont formelles : pendant que la proportion de ménages imposés sur la tranche maximale de l’impôt sur le revenu y augmentait de 87 %, le score de Mélenchon à la présidentielle y explosait : 14 % en 2012, puis 24 % en 2017 et enfin 36 % en 2022… Même scénario dans le 19 e arrondissement, ancien bastion du PS, où l’on constate une corrélation très nette entre gentrification immobilière galopante et mélenchonisation électorale.

Entre la présidentielle de 2017 et celle de 2022, Jean-Luc Mélenchon a progressé de 5 points auprès des cadres et professions intellectuelles supérieures et de 10 points dans les villes universitaires ; mais son électorat demeure pourtant assez varié, « interclassiste », disent les sondeurs. « On notera à ce propos que l’Insoumis revendiquant un héritage marxiste, marqué par la grille de lecture de la lutte des classes, est le candidat présentant l’électorat le moins clivé sociologiquement », relevait Jérôme Fourquet dans  « L’archipel électoral mélenchoniste », un article publié au lendemain de la dernière présidentielle.

En dix ans et trois présidentielles, le candidat Insoumis a opéré l’union d’un électorat diplômé des centres-villes avec celui des classes populaires des banlieues… soit la stratégie exacte préconisée par la note publiée par le think tank de gauche libérale Terra Nova en 2011. Ce document recommandait de renoncer en partie au vote des ouvriers et des employés pour mieux séduire un nouvel électorat urbain sous une bannière progressiste : femmes, diplômés, jeunes et classes populaires issues de l’immigration. Autrement dit, la fusion entre une gauche culturelle, une gauche radicale et une gauche communautariste ? « Non. Il s’agit de la fusion entre une gauche sociale, une gauche de rupture et une gauche populaire », se défendait auprès du Point le député Éric Coquerel en mai 2022.

Le Point

(Merci à Gauthier)

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