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La guerre en Ukraine et la crise climatique rappellent combien la souveraineté alimentaire est un enjeu majeur. Alors que le Salon international de l’agriculture se tient à Paris du 25 février au 5 mars, la filière française doit se transformer en profondeur pour répondre aux nouveaux défis.

La tâche est immense. Et la guerre en Ukraine est venue nous rappeler le rôle essentiel dévolu à notre agriculture : nourrir la population. La récente crise sanitaire avait déjà sonné comme un avertissement en mettant en exergue notre dépendance aux importations de fruits et de légumes, y compris bios. Les maraîchers français ne peuvent fournir que 40 % des fruits et 60 % des légumes consommés dans l’Hexagone. Dans ce contexte, la souveraineté alimentaire est revenue au premier plan des préoccupations alors qu’on pensait son spectre éloigné de nos sociétés d’abondance, comme si les rayons des supermarchés pouvaient être indéfiniment achalandés.

Et la crise climatique (sécheresse, gel, grêle) a des répercussions dans nos assiettes comme l’a montré la pénurie de moutarde ou celle, plus grave, des fruits et légumes. L’été 2022 a été un électrochoc à ce sujet.

Jamais nos agriculteurs n’ont été aussi peu nombreux

Problème : jamais nos agriculteurs n’ont été si peu nombreux pour remplir leur rôle. Ils sont un peu moins de 500 000 pour fournir céréales, viande, légumes et œufs à plus de 67 millions de Français, alors qu’ils étaient trois fois plus nombreux dans les années 1970. Même si depuis, évidemment, la mécanisation a permis d’améliorer la productivité sur des exploitations qui se sont considérablement étendues. Lors des vingt dernières années, elles se sont agrandies de 27 ha.

C’est dans ce contexte que s’ouvre le 59e Salon international de l’agriculture (SIA) transformant temporairement le parc des Expositions de la porte de Versailles à Paris en plus grande ferme de France. Le monde agricole aimerait bien que ce rapprochement rituel de la campagne et de la ville ne s’opère pas seulement une fois par an. Les métropoles et les villes, où vit désormais 77 % de la population, et le milieu rural se côtoient si peu qu’ils finissent par être étrangers l’un à l’autre. Pourtant les premières ne seraient rien sans les 390 000 fermes qui peuplent encore nos campagnes.

Pour parvenir à remplir son rôle et corriger une souveraineté alimentaire mise à mal, l’agriculture française fait face à quatre défis majeurs.

Le premier concerne le renouvellement des générations. La grande famille paysanne vieillit : en 2020, un quart des agriculteurs avaient 60 ans et plus d’après le recensement agricole. Or les 7 000 à 10 000 installations ne compensent pas les 20 000 cessations d’activité par an, s’alarmait déjà le Conseil économique, social et environnemental (CESE) en 2019. D’où l’idée d’attirer de nouveaux profils de repreneurs à travers des « farm datings », sur le modèle des job datings mais pour l’agriculture.

Deuxième défi : la formation. Les effectifs de l’enseignement agricole grimpent chaque année mais il faudra attirer en masse dans les lycées à l‘instar de celui d’Aurillac (Cantal) que nous avons arpenté, pour assurer la continuité des exploitations. Comme à l’hôpital ou dans la restauration, l’agriculture manque de bras et de candidats.

Le troisième défi concerne l’irruption de la technologie dans les fermes. La French agritech, écosystème qui regroupe les jeunes pousses agricoles, est la plus dynamique en Europe, comme le montrent nos reportages auprès de Samsys ou Ombrea.

Ultime enjeu : nourrir. À ce propos, le consommateur est pris en tenailles entre des injonctions contradictoires, celle de limiter la flambée de la facture des courses et celle de consommer mieux, en circuit court si possible. C’est la mission à laquelle doit s’atteler l’agriculture tricolore, qui avec son salon dédié possède la plus belle vitrine pour montrer ses missions au grand public.

Comme le rappelle le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau : « Toutes les crises que nous traversons, le Covid, la guerre en Ukraine et la crise climatique, ont montré que nourrir une population n’était pas un acte anodin. Non, nourrir un pays est un acte miraculeux quotidien. » 

Le Parisien

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