Des activistes écologistes ont suscité l’indignation de la classe politique allemande samedi après avoir aspergé d’un liquide noir un monument où sont gravés les articles de la constitution à proximité de la chambre basse du parlement, le Bundestag, à Berlin. «Un monument avec notre constitution a été taché. Cela me met en colère et je n’ai aucune compréhension» vis-à-vis de la démarche, a déclaré la présidente sociale-démocrate du Bundestag, Bärbel Bas, dans un communiqué.
Plus tôt, le groupe «Letzte Generation» (Dernière génération), à l’origine de nombreuses actions coup de poing pour sensibiliser au réchauffement, a posté une vidéo sur les réseaux sociaux montrant des personnes vêtues de gilets de sécurité orange asperger d’un liquide noir certains des 19 panneaux de verres hauts de trois mètres sur lesquels sont gravés les articles de la constitution.
Ils ont ensuite collé dessus des affiches flanquées du slogan «Pétrole ou droits constitutionnels?». La nature du liquide n’est pas encore identifiée, a indiqué la police. Six militants ont participé, leur identité a été relevée et des plaintes ont été déposées, a précisé à l’AFP une porte-parole des forces de l’ordre. Le monument, baptisé «Grungesetz 49» en référence à la loi constitutionnelle mise en œuvre en Allemagne de l’Ouest en 1949, est l’œuvre de l’artiste plasticien israélien Dani Karavan.
Les militants ont dit vouloir protester contre la poursuite de l’utilisation d’énergie fossile en Allemagne, et rappeler au gouvernement son devoir constitutionnel d’agir d’urgence contre le réchauffement de la planète alors que le pays vise une neutralité climatique seulement en 2045. Peu importe le message censé être lié au barbouillage du monument, «il ne peut être que mauvais», a taclé le ministre libéral de la Justice Marco Buschmann sur twitter.
«La constitution incarne la liberté, la démocratie et l’Etat de droit. Elle ne doit jamais être souillée» peu importe la raison, a-t-il estimé. Les Verts, alliés gouvernementaux des sociaux-démocrates et des libéraux, ont également vivement condamné l’action, de même que les conservateurs de l’opposition. Le groupe «Letzte Generation» a attiré l’attention ces derniers mois par plusieurs actions de désobéissance civile, en bloquant de grands axes routiers ou en projetant différentes substances sur des tableaux dans des musées.
Leurs initiatives pourraient avoir des suites judiciaires avec l’ouverture fin 2022, par un parquet régional, d’une enquête contre des militants «soupçonnés de former ou de soutenir une organisation criminelle».