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Le « type » en question, c’est donc Thierry Solère, 51 ans, à la fois ami intime de l’ex-premier ministre Edouard Philippe et toujours conseiller « officieux » d’Emmanuel Macron depuis l’été 2020. Le grand écart permanent, c’est sa façon de vivre, et même son principal talent, persiflent ses détracteurs. « Avant d’être chez Philippe, rappelle le maire (LR) de Meaux, Jean-François Copé, il était chez Le Maire et, avant, avec “Sarko”, et même avec moi à un moment ! Ce qui m’a le plus amusé, c’est son passage chez Macron, qui déteste Philippe, et ce, alors que Philippe était soi-disant tout pour lui ! » Le contorsionnisme fait homme. (…) Certains de ses ex-amis affublent d’ailleurs M. Solère d’un titre peu enviable : celui de « conseiller en trahison » du président. « Un tel niveau de “plasticité” dans les convictions, c’est rare. Retourner sa veste, ça fait ­partie de la vie politique, mais à ce point, c’est caricatural »,insiste Jean-François Copé.

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Mais les temps changent. Les juges ne laissent plus rien passer. Les arrangements à la bonne franquette sont désormais susceptibles de revêtir des qualifications pénales. M. Solère peut en témoigner : ce « cumulard judiciaire » est notamment poursuivi pour « trafic d’influence », « recel d’abus de biens sociaux », « recel d’abus de confiance », ­ « financement illicite de campagne électorale », « détournement de fonds publics », « manquement aux obligations de décla­ration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique », « fraude fiscale »… (…) Plombé par ses multiples mises en examen, il dit s’être mis en retrait de la vie politique. « J’ai quitté l’Elysée après les législatives de juin 2022 ; j’en ai parlé à ce moment-là à ­Macron, qui m’a dit : “Ah, mais non, j’ai besoin de toi.” Donc je ne vais plus aux réunions auxquelles j’assistais, par exemple la réunion d’agenda chaque ­semaine. » Pour autant, il continue de murmurer à l’oreille du chef de l’Etat. 

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Mais de tout cela Thierry Solère n’a pas encore conscience lorsque Emmanuel Macron fait irruption sur la scène présidentielle, juste avant la débâcle de la candidature Fillon. En bon animal politique, Solère a flairé le potentiel de l’ancien banquier. Dans la roue de son grand ami Edouard Philippe, il estpartie prenante du « big bang » politique provoqué par le nouveau locataire de l’Elysée. En clair, il faut « braconner » sur les terres de la droite. Solère : « Je vois le président, avec Edouard, le lendemain du premier tour, le lundi soir. Il y a Alexis Kohler, futur secrétaire général de l’Elysée, Edouard et moi. On parle des législatives et de comment trouver une majorité pour ­réformer le pays. Le président tend la main à la droite, et ça va conduire à la nomination d’Edouard – c’est Alexis qui pousse beaucoup. Et, moi, je repars aux législatives, je suis réélu, mais mes histoires arrivent vite. » Ces « histoires », qui ne font alors que commencer, lui coûtent sans doute un maroquin ministériel. 

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L’affaire est si emblématique du « système Solère » qu’elle mérite qu’on s’y arrête. Par où commencer ? Le plus évident, peut-être : Thierry Solère a fait recruter son épouse, ­Karine, par le PDG d’Aliapur, Eric Fabiew ; ­celui-ci, en retour, a obtenu la promesse que sa propre compagne serait embauchée en tant qu’assistante parlementaire du député Solère. Précision, tout sauf anecdotique : comme une demi-douzaine de protagonistes de cette ­affaire, Fabiew a fait la connaissance de Solère à la fin des années 1990, dans la franc-maçonnerie, tous ces hommes fréquentant la loge de la Tierce sacrée, à Paris. Solère s’est aussi ­activé, avec succès, auprès de Nicolas Sarkozy – des courriers en attestent – pour faire obtenir la Légion d’honneur à Eric Fabiew.

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C’est l’autre grand reproche que les cadres de LR font à Thierry Solère : tenter de vider le parti de sa substance en convertissant ses élus au macronisme en échange de postes prestigieux. « Essayer de fracturer LR ? On l’a fait, oui », admet d’ailleurs l’intéressé.

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Voici, par exemple, le député mis en cause pour avoir perçu d’une société d’informatique, LNA, 10 000 euros par mois entre décembre 2009 et octobre 2011. La justice lui reproche notamment d’avoir imposé l’entreprise dans plusieurs marchés publics des Hauts-de-Seine. Patron de LNA, Thierry Martin a confié aux enquêteurs : « Sur toute la période où je l’ai fréquenté, il m’a coûté plus de 350 000 euros pour rien. »

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Solère ne le cache pas, la Macronie, jugée trop techno, ne l’a jamais emballé. « Je ne suis pas comme eux, glisse-t-il. Stanislas Guerini, c’est le bon exemple : il est très gentil, très intelligent, le bon élève, mais il n’a aucune conviction ! Il ne sait pas pourquoi il est là, ou si, c’est parce que c’est plutôt plus sympa d’être là que chez Danone, quoi ! La Macronie, c’est la France des inclus. Aucune idéologie. Aucune. »

Le Monde

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