Marin Karmitz, né en Roumanie, en 1938, devenu réalisateur puis distributeur et producteur, après des débuts rocambolesques et militants, s’est taillé une part de lion dans l’industrie du cinéma. Aujourd’hui, il se consacre à sa fabuleuse collection d’art, en particulier de photos, en homme d’images qu’il a toujours été.
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La rage de ma mère contre la bourgeoisie qu’incarnait la famille de mon père, contre le fric, contre ce mariage forcé, je l’avais complètement faite mienne. J’étais très actif contre la guerre d’Algérie et j’ai été arrêté après une manifestation. Quand mon père est venu me chercher au commissariat et qu’on lui a dit que j’étais communiste, ç’a été une douleur terrible pour lui. Il a vécu comme une trahison que j’aille du côté de ceux qui avaient détruit sa vie. J’ai mis longtemps à le comprendre. Sur le moment, je ne voyais que la rupture de ma solitude en intégrant ce groupe de lycéens communistes du lycée Carnot, dont j’appréciais la solidarité. J’ai dû quitter le PCF assez vite, car j’étais trop engagé en faveur de l’Algérie au goût des communistes qui, du coup, m’ont mis de côté.
Comment conciliez-vous le fait d’être de gauche et très fortuné ?
Je préfère être riche et de gauche que pauvre et d’extrême droite.