Ce duplex de cinq pièces, baigné de lumière et de calme, que nous avons visité, occupe exclusivement le quatrième et dernier étage — avec ascenseur — d’un joli petit immeuble ancien. Il est équipé d’un grand salon, d’une cuisine, de quatre chambres, d’un escalier intérieur, d’une terrasse avec vue sur l’église Saint-Étienne-du-Mont ou encore d’une verrière au look d’atelier d’artiste.
En 2011, le loyer de Jean-Pierre Chevènement, qui a occupé cet appartement pendant 35 ans, y compris quand il bénéficiait de son logement de ministre place Beauvau et d’un autre HLM quand il était sénateur sur le territoire de Belfort, s’élevait à quelque 1 600 euros par mois. « Le tiers du loyer normal », commente un agent immobilier.
Mercredi dernier, Axel (son prénom a été changé), l’un des quatre nouveaux locataires, « citoyen du monde » comme il se définit lui-même, venu d’Afrique au terme d’un voyage compliqué via la Russie, étudiant en doctorat, 26 ans, gay, demandeur d’asile, se disait « content d’avoir un toit sur la tête ». « C’est bien que cet appartement soit à destination des personnes en grande précarité. » Et d’ajouter : « On sait qu’il y a eu ici un riche locataire. »
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Ces nouveaux jeunes occupants ne font toutefois par l’unanimité dans ce petit immeuble à l’ambiance feutrée. « Ils sont bruyants, tacle un locataire ancien. Ils vivent la nuit. » Alors que « Monsieur Chevènement était discret et adorable », souffle une sexagénaire. D’ailleurs, ici, tout le monde le connaissait. « Il faisait soigner ses bobos chez l’infirmière au rez-de-chaussée. »