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L'origine sociale influence les amitiés au collège

Encore faut-il dépasser l’entre-soi des amitiés entre les élèves. Une étude sociologique publiée en janvier a en effet passé au crible les relations amicales entre 750 collégiens dans quatre établissements scolaires – deux privés, deux publics, dans la Savoie et en Île-de-France. Des établissements modèles pour la Rue de Grenelle, mixant idéalement classes populaires, classes moyennes et classes supérieures. Constat du sociologue auteur de l’étude : quel que soit le collège, les « meilleurs amis » des élèves, ceux qu’ils voient en dehors de la vie scolaire et apprécient le plus, sont systématiquement les plus proches d’eux sur un plan social. Certainement parce que les parents surveillent attentivement les « fréquentations » de leur chère progéniture.

Même si la majorité des élèves fréquentent, au sein de leur collège, quelques enfants d’origine sociale différente, les amitiés entre élèves sont « moins probables à mesure que la distance sociale s’accroît », nous apprend Timothée Chabot dans « L’homophilie sociale au collège », publié dans la Revue française de sociologie. Au sein de tel établissement francilien, une qualification de « très bon ami » aura 2,59 fois moins de chances d’advenir entre enfants de cadre et d’ouvrier qu’entre enfants de cadre ou enfants d’ouvrier. L’écart est encore plus grand lorsque les collégiens se fréquentent en dehors de la classe. Si la mixité sociale dans la composition des établissements « constitue une condition nécessaire à la mixité relationnelle entre élèves, elle n’en est pas une condition suffisante » conclut-il.

Marianne


Les politiques de mixité sociale sont censées amener les élèves à diversifier leurs fréquentations et à nouer des amitiés hors de leur milieu d’origine.

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Finalement, peut-on dire de la mixité sociale qu’elle «fonctionne»? Tout dépend des attentes qu’on formule à son égard. Si l’on espère une disparition soudaine et totale de toute différenciation sociale entre élèves, alors non: les relations, surtout les plus fortes, restent marquées par de l’homophilie sociale. Au demeurant, l’orientation scolaire qui survient en fin de collège opère un tri social important, les enfants des classes populaires étant massivement dirigés vers les voies professionnelles; la parenthèse de mixité du collège se referme ainsi rapidement, et il y a fort à parier que les amitiés entre jeunes socialement distants auront plus de difficultés à survivre dans le temps.

En revanche, si l’on forme l’espoir plus raisonnable d’une bonne entente entre enfants, d’un contexte scolaire globalement apaisé, et, malgré tout, de l’apparition et de la persistance d’au moins quelques amitiés fortes entre classes sociales, alors tout indique que la mixité sociale des établissements fait déjà beaucoup. Il est vrai que les situations locales varient fortement: selon les politiques d’établissement, la configuration urbaine ou encore l’implication des parents d’élèves, le degré de ségrégation des amitiés pourra beaucoup varier.

Mais dans tous les cas, il convient de comparer la situation des établissements mixtes à celle des collèges les plus ségrégés: dans ceux-ci, les relations entre enfants de différents milieux sociaux sont, par définition, pratiquement inexistantes. Les politiques de mixité sociale à l’école permettent donc bel et bien de favoriser une certaine diversité amicale que les élèves n’expérimenteraient tout simplement pas autrement.

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