Fdesouche

Au Salvador, la guerre des gangs fait rage depuis plus de trente ans.

Le pays hors zone de guerre, enregistre le taux d’homicide le plus élevé au monde. En mars 2022, une vague d’assassinats a fait 87 morts en deux jours. Le MS 13 et le Barrio 18, deux gangs rivaux, ont fait vivre au pays les deux jours les plus meurtriers des dernières décennies.

L’ancien maire de la capitale San Salvador, Nayib Bukele, élu démocratiquement à la présidence avec 53% des voix en 2019 à 37 ans, grâce à une campagne dénonçant la corruption et les partis politiques traditionnels, focalisée sur l’insécurité et une criminalité galopante, a aussitôt fait voter l’état d’urgence par un parlement encore sous le coup de l’émotion.

En huit mois, près de 60 000 personnes sont emprisonnées, soit 2 % de la population derrière les barreaux. Innocents et coupables sont mêlés aux membres des gangs les plus dangereux du monde. Le prix à payer selon Nayib Bukele, qui s’est autoproclamé « le dictateur le plus cool du monde ».

La politique ultra-sécuritaire du plus jeune président d’Amérique Centrale, à l’image charismatique et irrévérencieuse, est massivement soutenue par la population, traumatisée par 30 ans de guerres des gangs meurtrières. Des gouvernements successifs ont pourtant mené des politiques identiques, négociant dans l’ombre des accords avec les gangs et présentant au peuple l’image d’un gouvernement intraitable. Sans aucun résultat. En Amérique centrale, le modèle politique et la popularité inégalée de Bukele, dopés par l’utilisation des réseaux sociaux et une communication millimétrée, est envié par ses voisins. En décembre, le Honduras a mis en place un état d’urgence sur le même modèle. Au Guatemala, journalistes et procureurs sont mis en prison. Au Nicaragua, la dictature règne. De quoi alimenter l’ambition de Nayib Bukele, qui se rêve déjà en leader d’une Amérique centrale autoritaire.

Fdesouche sur les réseaux sociaux